L'histoire :
Un après-midi comme un autre dans une cage d’escalier. Il rajuste sa cravate, époussette sa veste, redresse sa raie... puis l’homme sonne à la porte. Une dame lui ouvre et, naturellement, il lui tend une main ouverte en lui annonçant le meilleur. La dame paraît moyennement réceptive. Alors il en rajoute. Il lui promet 15 ans de vie supplémentaire. Il lui jure qu’il œuvre pour la planète, la faune et la flore. Oui, si elle fait l’acquisition de la brouette qu’il lui propose, les beaux jours sont devant elle ! Le hic, c’est qu’elle habite le 11e étage. Le hic encore, c’est qu’un collègue à lui est déjà passé ce matin : un certain Bexley & Bexley. Peut-être a-t-il eu droit à la même correction de la part du Jean-Paul de la dame ? Sonné pour le compte, le démarcheur se résout à appeler son patron, retranché chez lui afin – prétendument – d’achever ses mémoires…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Habillé d’un bel écrin noir cartonné, cet album s’ouvre par 3 citations empruntées à : François Fillon, alors Ministre des Affaires sociales (2003) ; Arlette Chabot, directrice de la rédaction de France 2 (à l’adresse des politiques, 2007) ; Michel-Edouard Leclerc, interviewé sur France Inter (2005). N'y voyez aucun hommage, mais plutôt l’ouverture d’un propos grinçant – véhément – à l’adresse de notre modèle sociétal consumériste. L’auteur est un habitué du genre pamphlétaire et sait y faire. L’histoire tourne autour des mésaventures d’un vendeur porte-à-porte de brouettes, aidé par son chef dépressif, en rupture de ban avec les nouvelles façon de faire commerciales (overdose de publicités télévisées, radiodiffusées, placardées, de discours politiques en bois, etc.). Alors que la reprise économique est annoncée, que Les affaires reprennent, Morvandiau tord le cou aux inepties que l’on nous vend chaque jour. L’incongruité d’une vente de brouette à la locataire d’un appartement au 11e étage donne le ton. On marche sur la tête et il existe mille raisons qui justifieraient (?) qu’on en vienne aux mains ou, à défaut, de s’en rendre malade jusqu’à vomir toute cette merde. Voici résumé grossièrement la pensée illustrée. Les éditions des Requins marteaux restent fidèles par la présente à leur identité d’agitateur du bocal. Le style caricatural et noir de l’auteur colle à un fond traité sans pincette. Avis aux amateurs (réceptifs) qui souhaitent en découdre.