L'histoire :
Une bande de blancs-becs dont deux policiers, armés jusqu’aux dents, débouchent d’un bois dans une clairière où se trouve une cabane. Garée juste à côté, une belle voiture rose et noire et des bidons d’essence. La troupe s’en sert pour mettre le feu à la maison. Et tandis qu’une bande de six jeunes femmes en furie sort, armée, une fusillade s’engage. Les demoiselles sont cependant sauvages et tiennent tête, parvenant même à réduire au silence trois des quatre assaillants. Le dernier s'en retourne en ville alerter le maire qui les avait envoyés. Ces filles représentent en effet une menace pour cet édile corrompu jusqu'à l’os. Et celui-ci souhaite éliminer celles qui se font appeler le « Mean Girls Club » (le club des filles enragées). Tandis que tout est prêt pour leur vengeance, Rosie, la jeune mécanicienne en charge de son grand-père malade, arrive dans la danse...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La couverture annonce le style d'entrée de jeu : les Pussycat de Ryan Heshka vont faire du dégât, comme leurs consœurs du film de Russ Meyer. On est en effet dans la culture underground et trash de ce film culte de 1965. Le rentre-dedans de l'auteur canadien avec cette bande de filles délurées n'est que la partie « animée » de l'univers illustratif qu'il a mis en place depuis une vingtaine d'années, au long d'expositions, d'illustrations dans divers journaux et revues, dont l'anthologie graphique Blab éditée par Dark Horse depuis 2023. Ryan Heshka, né en 1970 à Manitoba, mais résidant désormais à Vancouver, a d'abord publié cette histoire sous forme d'un comics de 24 pages chez Nobrow, en janvier 2016, avant qu'une version allongée cartonnée d'environ 100 pages Pink Dawn ne paraisse deux ans plus tard. C'est cet album que les Requins Marteaux nous proposent, nous permettant enfin de découvrir cet hommage aux séries B, au rock'n'roll et aux suffragettes de tous poils, qui ne s'en laissent pas compter. On peut dire que ce coup de poing rigolo, ne se prenant pas au sérieux, réussit son pari, avec son style graphique alternatif daté 80's, dynamique et tout en rondeurs, rappelant l'espagnol Marti, sans compter le bel effet bicolore. Le ton, lui aussi totalement décalé et exagéré, est pleinement assumé, dans un contexte de #MeToo pesant. C'est sans aucun doute ce qui a plu au jury des Elvis d'or 2025, et a valu à l'auteur de remporter le prix de la meilleure BD rock ce début d’année à Angoulême. Kill kill Pussycat !