L'histoire :
Georges est un bon commercial qui rentre chez lui après avoir réalisé d'excellentes commandes à bord de sa vieille auto. Alors qu'il passe non loin de Périgueux, le cardan de sa « Bertille » casse, le laissant en plan aux abords de Chamouniex, patelin paumé de Dordogne miné par une usine de transformation nauséabonde et polluante. Là, obligé d'attendre trois jours sa pièce de rechange, il va découvrir la vie tranquille et solidaire de gens simples...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pierre Maurel est habituellement plutôt édité par les éditions belges l'Employé du moi. On a déjà pu apprécier son travail à l'occasion de 3 déclinaisons (2008), et Michel est le nom d'une série engagée sur laquelle il aime à revenir. Quatre titres ont été publiés depuis 2006, dans un style graphique décontracté, un peu typique de l'école française Pif et des fanzines s'en revendiquant. Un style au dessin sans prétention, souple mais précis dans ses descriptions, qui est ici mis en couleur, pour un titre un peu particulier et donc hors collection. Il y a du Jacques Villeret dans ce Georges/Michel. Ce commercial présenté dans ce One shot est un gentil quadra, bien en chair, au front dégarni et aux cheveux frisés, honnête, tranquille, plutôt bon vivant, même si assez discret. Le garagiste qui l'accueille avec bienveillance ressemble, lui, à Jean-François Stevenin. Normal, Passe misère est librement inspiré du premier film de ce dernier, à la fois acteur et réalisateur de Passe montagne (1978). D'abord semblant perdu et méfiant, dans Chamouniex, ville miroir de Coulounieix, Georges, grâce sans doute à ses propres qualités – gentillesse, empathie et écoute – se fait adopter par ce patelin et découvre ses richesses cachées, au propre comme au figuré. Pour cela, il n'hésite pas à déambuler, tel l'Homme qui marche du mangaka Taniguchi. Cette comparaison n'étant pas anodine, tant l'ambiance de ce récit joue sur le temps qui passe et la découverte d'un environnement de prime abord très pauvre. Passe misère est juste, drôle, émouvant, humain et – osons le dire – la BD « gilet jaune » par excellence, tant elle défend la même thématique de notre temps. Pierre Maurel n'est-il pas, dès lors, le Robert Guédiguian de la BD ? En tout cas, ce bouquin fait passer un agréable moment, à ne pas manquer.
