L'histoire :
Inventeur diplômé, Geppetto finit son ouvrage au fin fond de sa cave. Il vient de créer un robot à l'apparence humaine. Présentant sa création à sa femme, il lui montre tout de suite son utilité et l'envoie nettoyer la maison, tâche à laquelle le robot s'attelle sans attendre. Geppetto décide alors de se rendre, avec tous ses plans, chez les militaires : son invention pourrait révolutionner la guerre ! Au même moment, Jiminy le cafard doit se trouver un nouvel appartement, puisqu'il vient de se faire licencier et plaquer par sa douce. En explorant la cuisine de Gepetto avec sa valise à la main, il tombe sur une gigantesque machine : l'invention de Geppetto. Il décide de prendre ses quartiers à l'intérieur. En malmenant les connexions internes de son nouveau domicile, afin de recevoir le câble gratuitement, le cafard provoque une réaction électrique sur le petit robot. Celui-ci continue dans un premier temps à effectuer les tâches ingrates qui lui sont confiées… Jusqu’à ce que l’androïde soit requis pour nouvelles activités par la femme de son créateur. Celle-ci veut en effet se servir de son protubérant nez en guise d'objet sexuel… Elle meurt brûlée, n'imaginant pas que l'organe olfactif chez l'homme est une arme de mort chez le petit robot…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette fin d’année 2008 aura récompensé tous ceux qui auront su faire preuve de patience. A l’instar de l’album des Guns N’ Roses (Chinese democracy), le Pinocchio de Vincent Paronnaud, alias Winchluss, aura su se faire attendre. Débuté en 2003 dans Ferraille illustré, le titre fut mis en pause par son auteur, qui s’attela entre temps à adapter avec Marjane Satrapi le fabuleux Persépolis au cinéma. Cette fois achevée, l’histoire s’étale sur quasiment 200 pages. L’auteur nous montre de nouveau une maîtrise visuelle étonnante, capable de proposer des crayonnés à la simplicité efficace ou des planches impressionnantes de détails. Son découpage est stupéfiant de lisibilité, au point qu’il s’affranchit quasiment intégralement de dialogues durant tout le tome. Il est assez impressionnant que l’auteur ne souffre à aucun moment d’une baisse de régime, sur autant de pages. La colorisation de Cizo est elle aussi impeccable et conforte la qualité de l’ensemble. Le meilleur exemple reste cette couverture digne d’un Chris Ware ou de Tim Burton. L’histoire adapte le roman original de Carlo Collodi de façon assez libre. L’humour y tient une place omniprésente, mais l’ambiance est loin d’être aussi bon enfant que dans le dessin animé made in Disney. Jiminy n’est d’ailleurs pas un criquet, mais un cafard ! Le scénario est torturé, trash, mais ô combien jouissif. Winchluss amène également d’autres personnages dans son récit. Ainsi, on retrouve une Blanche Neige faisant office d’objet sexuel pour les Sept nains, ainsi que Jack L’éventreur ! Le Pinocchio de Winchluss étonne, passionne et ne laisse aucune place au doute. Avec un récit dense et ne souffrant d’aucun temps morts, ni défauts mineurs, nous tenons là un des chefs d’œuvre de l’année, voire même des dernières années. A acheter ou à se faire offrir, indispensable dans toute bonne bibliothèque qui se respecte !