L'histoire :
La ville de ChristoGrad, quelque part rappelant le passé de l’Occident médiéval. La nuit est tombée sur la modeste cité campagnarde. Rompant la quiétude apparente, un homme court à travers les ruelles sombres, l’air terrorisé. Il frappe à la porte du docteur Ottomar. La condition de sa femme s’est aggravée. Alitée, suant horriblement, elle est atteinte d’un mal mystérieux et – pour l’heure – incurable. La communauté dénombre là sa quatrième victime. Accusés d’en être la cause, les rats sont implacablement chassés, brûlés, exterminés ! Pourtant, le Mal empire. Les jours passent et l’épidémie grandit. Des mesures sont prises, sans doute trop tard. Les morts se comptent bientôt par centaines. Dépassé, le gouverneur Archibald tente de reprendre la main. Il fait ériger tout autour du bourg une muraille fortifiée dont nul ne doit s’échapper. ChristoGrad est placé en stricte quarantaine. Une aubaine pour les profiteurs de toute sorte…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Troisième album du prénommé Sam Rictus, Quarantaine raconte le cauchemar vécu par une petite ville de l’Occident médiéval – imagine-t-on – subitement coupée du reste du monde suite à un fléau mystérieux. En proie à un mal incurable – laissant à ses victimes un trou au cou – la cité est rapidement placée en quarantaine, pour le plus grand malheur du plus grand nombre et le plus grand bonheur d’un petit nombre de profiteurs de toute sorte. L’évasion s’organise, la corruption prolifère et la répression (faite d’exécutions sommaires) se montre implacable ! Un vrai cauchemar ! Intelligemment, l’auteur joue avec l’imagerie laissée dans l’Histoire par les grandes épidémies. Les rats bien sûr, vecteurs de la peste notamment ; les murs, derrière lesquels se retranchaient les villes des campagnes, murailles qui pouvaient – le cas échéant – se transformer en véritable prison-tombeau ; les figures du charlatan guérisseur, du brigand profiteur et de l’autorité implacable, enfin, et pour exemple ; etc. L’ambiance offerte se révèle oppressante et terrible à souhait. Progressivement, la situation empire – le Mal grandit – et le lecteur n’entrevoit guère plus d’issue. Econome en mots, les planches encrée du seul noir, proposent un graphisme sommaire mais habile dans ses choix, ses cadrages et perspectives, ou encore ses non-dits. Bref, consciente de ses limites (apparentes), la réalisation colle à son sujet. Parabole dérangeante du fonctionnement vicié de notre société, Quarantaine interroge. Laissez-vous tenter par l’étrangeté de cet austère opus. Et s’il fallait formuler une morale au Mal, elle pourrait être : nul n’en réchappera…