L'histoire :
En direct de sa table à dessins, Mathieu Sapin nous l’annonce d’entrée : en dépit du titre, la petite Salade de Fluits (c’est normal, le L à la place du R : c’est une erreur d’état civil) sera absente de cet album. Tout débute néanmoins dans la hutte tropicale de sa maman, où l’officier de police Mireille Lehachoir vient frapper. Garçon manqué aux épaules carrées, cette dernière l’informe qu’un dangereux criminel est en fuite. Rosolino est un monstre sanguinaire qui devient incontrôlable en présence de poivre. La maman s’en rend vite compte : à peine la porte refermée, Rosolino est derrière elle. Une discussion s’engage, de laquelle il est important de bannir le mot « poivre » lui-même, tant l’allergie du tueur est sensible. Cependant, l’officier Mireille Lehachoir n’est pas dupe. Elle revient sur ses pas et confond Rosolino dans la hutte, en secouant une poivrière. Elle sort son flingue et tire ! La maman de Salade de fluits s’interpose pile à ce moment et se prend la balle à la place de Rosolino, qui s’enfuit. Pendant ce temps, Hansi Spruddlesteiner, fils du fabriquant suisse de Spruddlesteiner classic ®, un fromage artisanal à pâte pressée mi-cuite, s’emmerde grave à garder les vaches de son paternel. Il veut découvrir le monde et faire du saut à l’élastique…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Mathieu Sapin ne change pas d’un iota sa ligne créatrice. Ceux qui connaissent Supermurgeman ou La fille du savant fou ne seront pas surpris de la trame débile de cette seconde cuillère de Salade de Fluits. Plusieurs trames partent à peu près de n’importe quoi, passent chacune par la première idée qui passe, pour se conclure dans un final commun particulièrement saugrenu. Que dire du dessin… ? Spontané, jeté, rapide… et tout naze de chez naze. Comme d’hab, donc, mais finalement bien suffisant à nous faire partager de manière limpide cette aventure nigaude au possible. Dans cette énième « sapinerie » (à ne pas confondre avec sapinière), les thèmes chers à l’auteur sont omniprésents : on y retrouve effectivement une île tropicale déserte, une multinationale agro-alimentaire et une super-héroïne nulle. D’un côté, de tels aventures loufoques de série Z (en théorie, il n’y a plus de lettres après Z), à peu près n’importe qui peut en pondre une quinzaine par jour. Les détracteurs auront déjà passé leur chemin. D’un autre, les adeptes se fendent tout de même bien la poire, tellement c’est saugrenu et grotesque à souhait. Sapin pousse le culot jusqu’à se mettre lui-même en scène dans son aventure, à la manière d’un Edika en manque d’inspiration. En l’occurrence, il ne peut s’agir ici d’un réel manque d’inspiration, tant le champ des investigations narratives parait large, mais plutôt d’un jusqu’auboutisme assumé dans l’autodérision. Ouarf !