L'histoire :
Lors du vernissage d’une exposition consacrée à son œuvre, Guillaume Bouzard, « prince de la BD underground », emprunt d’une autosatisfaction analgésique, baigne dans son jus. Lorsque soudain, surgit de nulle part, un vieil auteur flapi et tout ridé a l’outrecuidance de lui conseiller de soigner son lettrage. Ce petit nuage vexatoire fait comme une tache dans le flot radieux de congratulations. Mais qu’importe, une fois affranchi du blabla interminable, Bouzard finit par retrouver ses potes de festival, avec lesquels il… rate son bus pour le resto. La soirée minable se partage donc entre un kebab et les reportages animaliers en solitaire dans sa chambre d’hôtel. Le lendemain, à peine s’extrait-il en douleur de son lit pour rejoindre la salle du petit-déjeuner, que le même insupportable auteur vétéran le choppe pour lui filer le stylo qui va bien, et le saoule de ses conseils. Sur le quai de la gare de départ, même topo : le vieil auteur le menace de proche voisinage dans le train de Bordeaux, qui va partir. A tout hasard, Bouzard préfère laisser partir son train sans lui…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Guillaume Bouzard poursuit ses auto-aventures parodiques et foutraques avec la même verve zygomatique que dans son précédent recueil de sketches. Il trouve en outre à se renouveler, en évitant de tourner autour des mêmes thématiques que précédemment, à savoir ses deux passions de toujours : le vrai rock rough de warrior et les virées régulières au bistrot (sans les oublier pour autant). Cette fois, l’accent est plus porté, par exemple, sur son penchant pour les vides greniers (où il peut trouver des disques vinyles de rock…) et sur le fait – accrochez-vous – qu’il possède un chien ! Floppi, alias ce « con de chien », est ici « anthropomorphiquisé », avec une faculté jubilatoire de se foutre ouvertement de la poire de ses maîtres. Cette idée géniale permet à Bouzard de trouver de pures nouvelles perles gaguesques. Résultat : de vrais éclats de rires surgissent régulièrement de nulle part, occurrence bien trop rare dans le monde consensuel de la BD d’humour stéréotypée d’aujourd’hui. Le dessin en noir et blanc, s’inscrivant dans un découpage régulier en gaufrier, n’est certes pas toujours de première finesse, mais il convient parfaitement à ce type d’humour. Une cuillère de Bouzard matin midi et soir permet de se prémunir contre la dépression chronique.