L'histoire :
Arrogant, acariâtre ou irrespectueux, Mark E. Smith n'en fut pas moins le chanteur charismatique du groupe punk The Fall, dans les années 70. Alcoolo et pétri de contradictions, le front singer n'a jamais hésité à flirter avec la ligne rouge, multipliant excès et dérives, ne s'exprimant parfois que par phrases sibyllines : « T'es viré » ou « The Joke ». Croisement entre Dave et Popeye, le chanteur se fait enlever par des extraterrestres, prend naturellement une intonation de canard ou décide du droit de jouer : « t'es viré... toi aussi t'es viré »... O triste condition d'un batteur aux allures de canard...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Luz, dessinateur de presse, illustrateur et chroniqueur musical, voue une véritable fascination au groupe The Fall et à son charismatique chanteur M.E. Smith. Tout naturellement, son amour l'a mené à la réalisation d'un hommage graphique équilibré, réédité par les Requins Marteaux dans une nouvelle version augmentée d'une quinzaine de pages inédites. Fidèle à l'esprit punk, la BD de Luz est gentiment foutraque ou dépourvue de cohérence, d'une légèreté brute. Des récits à la première personne succèdent aux histoires fantasmées d'un fan de la première heure, le tout baignant dans un maelström halluciné où Luz témoigne sans détour d'un amour infini, sans oublier de dézinguer gentiment le caractère du chanteur, homme un brin méprisant et insolent. Le ton y est caustique et l'ambiance surréaliste, Luz n'hésitant pas à composer d'incisifs et brefs délires à la mesure de la rock-star. Si le propos est classique – un mec devenu star, égocentrique et bougon – le traitement graphique, caricatural et minimaliste, et la verve satirique font néanmoins de The Joke un agréable moment de lecture. Qui s'adresse en priorité aux fans de Mark E. Smith. Si c'est le cas, rires garantis, surtout qu'au final, tout ça n'est peut-être qu'une vaste blague...