L'histoire :
Atteindre le sommet d'une montagne est un objectif pour beaucoup de monde. Mais si on l'atteint, après la fierté, on se sent bizarre. Il faut alors se redonner un but, sous peine de mourir. Au sommet, on pense être plus prêt de Dieu, on espère un signe, et lorsqu'il se produit, il ne correspond pas forcément à celui qu'on attendait. Inversement, lorsqu'on est au plus bas, on ne ne pense pas pouvoir tomber plus profondément, mais on se trompe lourdement. On passe la majeure partie de sa vie à souffrir, le corps et l'esprit subissent à tour de rôle. En prime, il y a toujours quelqu'un pour nous regarder sombrer. Et l'amour, qu'en est-il ? On souhaite tout le temps être aimé, mais souvent, ça rate. Les gens meurent et nous laissent un sentiment de vide, une absence. Parfois, on veut aller le plus bas possible, mais le plus dur est de trouver la manière de remonter. La vie n'est faite que d'épreuves...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En marge de sa production chez les éditeurs historiques comme Dargaud ou Fluide Glacial, Manu Larcenet publie régulièrement chez Les Rêveurs des récits expérimentaux, voire souvent intimistes. On fera avec est un de ceux-là. L'album connaît un parcours éditorial étonnant puisqu'il ne cesse d'être réédité au fil des années. Ces rebonds successifs étonnent d'ailleurs son auteur comme il en témoigne à la fin de l'album dans une scénette amusante. On fera avec met en scène un petit personnage au design simpliste, ayant un gros nez bien rond. Celui-ci déambule dans des cases évocatrices qui servent surtout à illustrer un propos, celui d'un Manu Larcenet en phase ou critique avec la vie et ses aléas. Il évoque sans détour des épreuves difficiles pour tout un chacun. Larcenet ne tourne pas autour du pot, il dit les choses parfois de façon brutale, mais toujours avec l'espoir en ligne de mire. La chute est terrible, plus terrible encore est la remontée. On sent que Larcenet évoque des douleurs personnelles et nous explique sa manière, certes très auto-centrée, de sortir de la torpeur dans laquelle on s'enfonce de gré ou de force. Chaque page apporte son lot de réflexion et contraste avec la simple apparence du visuel proposé. Cette combinaison prouve que Larcenet a tout compris depuis longtemps en matière de narration séquentielle. Fascinant.