L'histoire :
Le 28 septembre 1791, les deux frégates la Recherche et l’Espérance, commandées par l’expérimenté contre-amiral Bruny d’Entrecasteaux, quittent Brest et mettent le cap sur l’Australie et l’Indonésie. Cette mission est destinée à secourir la précédente expédition scientifique de Jean-François de La Pérouse, qui n’a plus donné signe de vie depuis 3 ans. En métropole, la République balbutiante a désorganisé tous les corps d’Etat. C’est néanmoins encore le roi Louis XVI qui ordonne cette seconde expédition. Il sera décapité 1 an et demi plus tard, avant de connaître les éventuels résultats de cette expédition de secours. A bord, un jeune géographe français nommé Charles-François Beautemps-Beaupré va se servir de cette occasion pour dresser les cartes les plus détaillées possibles de zones encore terriblement méconnues, dont le Sud de l’Australie et la Tasmanie. L’expédition ne retrouvera pas la Pérouse. Mais les talents de Beautemps-Beaupré pour la cartographie, dans des conditions de navigation souvent complexes, vont faire sensation… bien au-delà du cercle scientifique français. Les officiers de la marine anglaise, que rencontrent régulièrement les français, sont subjugués par leur précision. Ces cartes vont assurément être un atout majeur dans leur guerre contre la Hollande…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« A-t-on des nouvelles de Monsieur de La Pérouse ? » aurait été la dernière phrase prononcée par Louis XVI avant qu’il ne perde définitivement la tête, le 21 janvier 1793. Il ne saura jamais que l’expédition de secours, scientifique et commerciale qu’il a mandaté reviendra bredouille de cette quête particulière. Il faudra attendre près de deux siècles (les années 1962-1964) pour que les épaves de la Boussole et l'Astrolabe soient formellement retrouvées dans les hauts fonds de l’archipel de Vanikoro. De nombreux albums de BD abordent ce sujet (dont La Pérouse et Vanikoro). La recherche d’épaves n’est cependant pas le sujet central de cette BD, qui focalise avant tout sur les talents de cartographe de l’ingénieur hydrographe Charles-François Beautemps-Beaupré. Ce dernier s’est révélé un maître en la matière, dans la première moitié du XIXème siècle. Avec des outils somme toute rudimentaires (qu’on découvre en annexe), ses plans étaient tellement précis, qu’ils ont servi jusqu’au milieu du XXème siècle et l’invention du GPS ! Comme pour reléguer La Pérouse au second plan, le scénariste et son éditeur écorchent son patronyme « Lapérouse » (en un seul mot) durant tout l’album. La narration est cependant très morcelée, avec un effet patchwork, en mélangeant les époques, les nationalités et les destinations. Elle alterne les palabres entre officiers et leurs souvenirs en flashbacks, lorsqu’ils évoquent les moments notables de différentes expéditions dans ces eaux australes. Or, étant donné que les officiers et scientifiques étaient tous perruqués et que sous les crayons d’Erwan le Bot ils se ressemblent tous, ce one-shot à vocation plutôt didactique est bien difficile à suivre. Les plans larges, montrant les gréements, leurs manœuvres ou les panoramas exotiques des contrées australes sont bien plus convaincants.