L'histoire :
Alors qu’elle peint tranquillement dans son atelier, Anne reçoit un coup de fil de l’EPHAD où réside sa mère. Atteinte d’Alzheimer, la vielle dame a demandé à voir sa fille rapidement. A peine le temps de préparer son départ, Anne saute dans le premier train. Arrivée sur place, elle est accueillie par le médecin qui prend en charge la vieille femme. La mère d’Anne est entrée dans une nouvelle phase de la maladie : sa mémoire s’efface et elle perd progressivement de l’autonomie. Cependant, des souvenirs refont surface et elle souhaite raconter à sa fille une « belle histoire » : le vrai père d’Anne ne serait pas celui qu’elle croît être ! Durant l’occupation, Hélène a tenté sa chance dans la une société de production de film. A cette occasion, elle serait tombée éperdument amoureuse d’un soldat allemand. Déboussolée, Anne ne sait pas si ce récit est véridique ou s’il est le fruit de la maladie de sa mère. Il est désormais vital pour Anne de découvrir la vérité en enquêtant elle-même sur le passé de sa mère...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En enquêtant sur ses origines, Anne nous fait découvrir l’histoire d’un petit village près de Rennes : Corps-Nuds. Ce petit bourg breton a été le lieu de tournage d’un film de propagande allemande en 1942, réalisé par Raimu (vedette entre-autre de la trilogie marseillaise de Marcel Pagnol). Alors que l’armée allemande est en fâcheuse posture sur le front de l’Est, Goebbels ordonne de mettre en place une campagne de diffusion massive de fausses informations. Le clocher de l’église de Corps-Nuds ressemblant étrangement à celui d’un édifice néo byzantin, ce village breton sera le lieu idéal pour être le décor du film de propagande allemande Battages en Ukraine. L’exploitation de ces faits authentiques pour y inscrire une histoire de famille est plutôt habile. Ce récit est à la fois dur et émouvant : l’espace d’une visite à l’EPHAD, Anne va voir la maladie de sa mère sérieusement progresser. Mais surtout, cette dernière sème le doute sur ses origines en apprenant qu’elle est le fruit d’un amour défendu. Son enquête dans ce village d’Ille et Vilaine ne sera pas facilitée par les locaux qui n’ont pas envie que cette histoire de film refasse surface. La narration est claire, entre l’alternance de scènes actuelles et les flashbacks, le tout étant servi par un dessin plaisant bien maîtrisé. Ce one-shot 100% breton (contexte de l’histoire, auteurs, maison d’édition) se conclut par un dossier documentaire qui donne quelques informations complémentaires sur l’influence de l’image et du cinéma dans la guerre, sur la Bretagne dans la guerre, mais également sur la maladie d’Alzheimer.