L'histoire :
« Il était une fois une petite fille très agitée, elle parlait constamment de tout de tout et de rien » et elle faisait la fierté de son papa (surtout quand il a un mp3 vissé sur les oreilles). A l’épineux moment du coucher, le papa se demande comment endiguer le flot de paroles de sa fille chérie (avec un maillet prêt à l’assommer), quand le narrateur souffle la solution des histoires du soir. D’abord, la petite fille veut que son père lui invente l’histoire, mais aux premiers mots de l’histoire du singe qui fait du golf, elle change d’avis et demande de bons vieux contes qui viennent d’un livre.
En ballade au zoo, le papa a hâte de se diriger vers la sortie. Quand sa fille lui fait remarquer la belle queue du road-runner, il lui propose de lui raconter l’origine de la queue des animaux. Bien sûr, la petite fille accepte de bon cœur. « A une époque, les animaux n’avaient pas de queue, ce qui les embêtait bien…» Pour le cheval par exemple, impossible de chasser les mouches, il en était donc recouvert ; le castor construisait des barrages bancals ; l’écureuil n’avait pas d’équilibre ; « et les serpents n’étaient que des têtes ! » Déjà roi des animaux, le lion, avec son conseiller le renard, s’entretient de ce problème. Ça tombe bien parce que le renard a un contact qui pourrait livrer tout un stock de queues. Ainsi, une fois servis les premiers, le lion et le renard distribuent tout le stock. Les plus rapides sont les mieux servis, comme l’écureuil et son magnifique panache. En revanche, le cochon a été un peu lent et ne récolte qu’une queue en tire-bouchon. Seul le lapin, décidément à la traine, se retrouvait sans appendice caudal. Qu’à cela ne tienne, le chien arrache le petit bout blanc de la queue du chat et la donne au lapin ; en même temps qu’il se fait un ennemi héréditaire…
La petite fille a une question et le papa fanfaronne en disant qu’il peut répondre à toutes les questions sans exception et sans tabou. « Est-ce qu’il y aurait une histoire sur la queue des humains ? Une qui expliquerait à quoi elle sert ? » Un toucan passe dans le ciel… « Papa ? » « Oh là-bas ! Des ragondins ! » s’écrit-il.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avant d’être vraiment un livre du soir, ces Contes à dormir debout tiendraient plutôt leur place pour faire rire à n’importe quel moment de la journée les grands et les petits. Dans ces 25 contes « complètement loufoques », comme le souligne la couverture, Ced se lâche sur des histoires enfantines et ravit le lecteur par tant de fantaisies en des lieux si communs. Les personnalités attachantes du papa et de sa fille participent au plaisir de parcourir ces planches espiègles et expressives, où ça délire au maximum : des remarques des héros sur le scénario, des sous-entendus bien sentis et des doubles sens bien scabreux. Les personnages, aussi déjantés que le propos, sont soutenus par des couleurs et des contrastes francs. Le style de Ced est à l’œuvre pour la composition visuelle, bien adapté au ton et à la candeur de l’enfance. Des incursions impromptues ajoutent à l’ambiance farfelue qui règne au fil des pages. Comme Picsou, dans une vignette du conte Outroupistache, où c’est grâce à une tablette tactile et Internet que l’héroïne déjoue le plan du lutin. On ne s’ennuie donc pas une seconde, que ce soit dans les contes ou les intermèdes familiaux. Le père et la fille sont pleins d’humour, la petite est si malicieuse qu’il faut pouvoir tenir le rythme ! Dans Il était une fois, par exemple, elle engloutit cinq contes en une page, en racontant la chute dès le premier mot de son cher papa. Avec ses grands yeux plein d’amour, autant d’espièglerie, elle est simplement irrésistible. Et comme elle parle tout le temps, on a tout le loisir d’en profiter…
