L'histoire :
Depuis son incarcération, la vie d’Elliot est compliquée parmi les vrais caïds qui peuplent la prison. Au bout de 6 jours, la gueule en vrac après un passage à tabac en règle, il trouve déjà le temps long. Continuer à tenir son journal l’empêche de craquer, même si c’est sur des feuilles glanées ça et là. Lucide sur sa condition de détenu faible, il se demande comment il va survivre dans cet univers hostile. Son seul point commun avec les autres : la haine des gardiens. L’heure du procès approche et l’avocat qui lui a été commis d’office est perplexe devant la complexité de son cas. Comme son complice lui met tout sur le dos, ça s’annonce mal. En plus, il ne reste que très peu de temps pour boucler le dossier qui va devoir être béton s’il veut éviter le couloir de la mort. Les dernières visites avant le procès s’avèrent pourtant rassurantes. Maitre McGill est finalement satisfait du système de défense qu’il a élaboré. Le jour J, après avoir commandé une pizza à son greffier, la juge lit les chefs d’accusation en ponctuant par un « raclure » à destination de l’avocat. Elliot comprend que la partie s’annonce pour le moins délicate…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans le premier tome, Elliot Catingan, jeune garçon à la jeunesse rendue difficile par un père fou, est adopté par Robert Diaz, avec lequel il grandit dans une station-service. Un jour, alors qu’ils sont braqués par des gangsters recherchés dans 17 états, Elliot croit découvrir sa vocation et monte un coup avec deux complices. Bilan : 2 morts. Quand il arrive en tôle, c’est la proie idéale, sauf qu’il décide de ne pas s’en laisser compter. Hold-up, journal d’un braqueur 1988-2003 retrace donc son passage par la case prison. Présenté sous la forme d’un authentique journal intime tanné par le temps, cette création de Shuky (big chef des éditions Makaka) et Raoul Paoli (Définition) sent bon la nostalgie du passé servie à la sauce d’aujourd’hui. Le scénario suit un déroulé pour le moins classique : un jeune plein d’avenir tant il est malmené par la vie, un braquage qui tourne mal, un séjour en tôle… la base. Et, à la fois, c’est tellement bien réalisé que la recette tourne comme une horloge. Le traitement lisse de l’image est contrebalancé par une galerie de portraits hauts en couleurs, entre manga et comics, qui boostent l’action visuelle. Le dessin vitaminé de Paoli ajouté à la verve de Shuky apporte une densité qui dope l’histoire jusqu’à la rendre passionnante. C’est ainsi que, parmi les molosses à gueules cassées, Elliot trace un chemin qui va le porter à un rang inopiné dans cet univers carcéral. Le ton avec lequel il se raconte à son journal lui confère un capital sympathie qu’il conserve même quand il commet les pires forfaits. Son côté chevaleresque y est pour beaucoup. Sincère et direct, il reste entier quitte à s’en prendre plein la gueule. L’alternance des phases dessinées collées au scotch avec les pages du journal fait de bric et de broc fonctionne bien, apportant une touche « fait maison » très réussie. Les clins d’œil à la team et aux habitués des éditions Makaka parsèment l’album. Un fil rouge de parution en parution, démarche atypique et amusante que l’on retrouvera à coup sûr dans le troisième (et dernier?) épisode de la vie d’Elliot le braqueur.