L'histoire :
Tout est calme autour de la station-service qui vient d’ouvrir. Un Break approche, un individu en sort et se dirige vers le coffre. Le propriétaire l’observe approcher de l’entrée, armé d’un fusil à pompe. Prenant une inspiration avant de se lancer, le braqueur pousse sur la porte… bloquée. Il insiste, toujours bloquée. A l’intérieur, le tôlier s’adresse au jeune homme qui s’escrime en vain à l’entrée. Il lui explique que ce n’est pas la peine de forcer inutilement puisque la porte est sécurisée. Enfin, il ouvre. Penaud, le braqueur reste à l’extérieur. Devant son air emprunté, le patron l’invite à entrer en feignant d’ignorer le canon pointé sur lui et lui propose un truc à boire. Hésitant, le gangster rookie bredouille un « la caisse ». En lui tendant l’argent, le braqué lui demande si c’est normal qu’il n’ait pas enfilé sa cagoule. L’autre réalise à cet instant qu’elle lui sert juste de couvre-chef, puisqu’il ne l’a pas abaissée. L’homme arrête subitement de jouer et lui demande de rendre l’argent, de poser son cul sur un tabouret et de boire une canette. L’autre s’exécute. Et lorsque le patron lui demande 3$ pour la boisson, le pauvre bougre s’effondre en larme en réalisant qu’il est un looser, une merde incapable de braquer une station-service. Le problème n’est pas là. C’est avant tout sa putain de façon de faire qui craint. Alors, Elliot (vous l’avez reconnu), qui semble en connaître un rayon sur les braquages, vous propose de le suivre en 167…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les deux premiers tomes de Hold Up racontent l’histoire d’Elliot, jeune garçon malmené par la vie, doublé d’un idéaliste et d’une bonne dose d’inconscience. Bien que l’aventure du braquage soit faisable sans les avoir lus, ce sera beaucoup plus fun en enchainant la trilogie. L’ambiance concoctée par Shuky est un tantinet tarantinesque, super dynamique, à l’image des scènes et du dessin de Raoul Paoli aiguisé comme un scalpel. Cette BD dont vous serez le héros (ou l’héroïne, après tout) est cependant à tenir éloignée des yeux chastes qui n’apprécient guère les gros mots. Gros mots qui participent de l’ambiance virile qui se dégage de cet album. Les clins d’œil et l’humour, marque de fabrique de Makaka, sont pleinement intégrés à l’aventure. Aventure qui consiste à rien d’autre que des braquages pendant une semaine, ce qui ne sera ni monotone ni reposant. Diablement riche de A à Z, des règles du jeu jusqu’aux vignettes, il est vraiment nécessaire de tout scruter, de lire chaque mot, de repérer les caméras (entre autres), d’aller en 204 si votre intuition vous alerte… Bref, il y a de quoi faire. Immersive au possible, l’action est fluide, une fois la jouabilité assimilée. Les différents braquages amènent chacun leur particularité, couplée à un niveau de difficulté indiqué au préalable, ce qui permettra de savoir si vous êtes gonflé à bloc ou subitement raisonnable. L’effet de l’expérience accumulée fonctionne si bien, qu’à la fin, vous seriez prêt à vous lancer dans une carrière… M’enfin, surtout si vous réussissez à résoudre l’ultime énigme proposée par Elliot himself. Trois niveaux sont proposés : Petit voyou, Bandit de grand chemin ou Gangster qui a la classe. Un peu comme dans Pulp Fiction ou Breaking Bad… Jouissif !
