L'histoire :
Bienvenue sous l’antiquité grecque mythologique adaptée à notre civilisation urbaine contemporaine. Dans cette cité de Héllas, le jeune Iota Charon a hérité de son père un métier unique et top-secret : il est chargé d’accompagner les nouveaux morts jusqu’au royaume des enfers dirigé par Hadès. Tous les jours, il pointe ainsi chez les Parques, des vieilles biques qui décident de couper – ou non – la pelote de vie des humains. Puis revêtu d’une large toge et d’une capuche qui empêche de voir son visage, il les embarque pour une traversée du Styx. Evidemment, une fois le job terminé, il retourne à sa vraie vie citadine, boit des verres avec ses potes et tombe amoureux d’Éléna, la jolie serveuse de chez Dyonisos… et il semble bien que ce soit réciproque ! Un soir il prend sa défense devant son patron, alors qu’elle vient de virer des importuns du bar, et il y gagne un rendez-vous galant pour le lendemain ! Cependant, le lendemain, il est bouleversé lorsque les Parques lui présentent son programme du jour : Éléna doit mourir d’un bête accident piéton, après avoir glissé sur des œufs. Charon doit-il accepter ce cruel coup du sort, ou déshonorer la tradition familiale en essayant de modifier le destin ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A la base de cette sympathique aventure humoristique, le scénariste Ced (alias Cédric Asna) a du faire un gros boulot pour adapter un environnement urbain moderne aux peuplades et aux principes de la mythologie grecque. Ici, nous côtoyons en effet les centaures et les cyclopes, mais on s’envoie des « Nymails » (des petites fées voltigent d’un téléphone à un autre) et on boit des hydromels light dans le snack de Dyonisos. Une fois ce réjouissant contexte planté, l’intrigue met le jeune Charon – dont le job consiste à convoyer les morts jusqu’aux enfers – face à un cruel dilemme : doit-il laisser mourir l’amour de sa vie sans réagir ou déshonorer sa fonction et sa famille ? L’amour face à la mort : un bon vieux classique, qui est ici agréablement exploité au sein d’une aventure tout public plein de fraîcheur et de vitalité. Aucun temps mort, aucune incohérence narrative ne viennent s’immiscer dans cette histoire qui tient son lecteur en haleine jusqu’à la fin. Plus pointu : le récit parvient à surfer sur un registre comique consensuel qui n’est jamais niais (ce qui est rare !). Les jeux de mots sont finauds et le dessin humoristique coloré et besogné de Waltch, bien en place. On se réjouit notamment des clins d’œil intégrés dans les détails de cases (le cerbère a une minerve)… dont le seul petit bémol serait d’être parfois bien chargées. Une bonne surprise !