L'histoire :
Le 19 mars, Hank Chavez se présente au siège de la Securit Corps pour un rendez-vous avec Seawood, le directeur. Il le menace et s'en va. 5 minutes plus tard, il est violemment renversé dans la rue par une voiture et laissé pour mort dans une mare de sang. Le soir-même, il est pourtant bel et bien vivant : il passe un coup de fil à Seawood pour réitérer ses menaces. Le surlendemain, Annie Mitchum, inspectrice pour une compagnie d'assurance, visualise dans son bureau la vidéo de surveillance d'une bijouterie, apportée par un policier. On y voit un curieux braqueur, qui ouvre son trench-coat devant Mme Hautman, la propriétaire, dévoilant un révolver. Contre toute attente, Mme Hautman se saisit de l'arme, flingue clients et vigiles, et offre le butin au braqueur, qui n'a rien eu à faire. Un don d'auto-persuasion ? Mitchum est d'autant plus intriguée qu'elle reconnaît le braqueur : il se trouve à la morgue, après avoir été renversé par une voiture... Le même soir, le braqueur, qui n'est autre que Hank Chavez, rend visite à Mr Hautman. Le bijoutier, qui jadis a fait partie du gouvernement, reconnaît être impressionné par les capacités de Chavez... et il lui tire une balle en plein crane. Pendant ce temps, Annie Mitchum débute une enquête compliquée sur ce mystérieux Chavez, qui semble bien être immortel...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions Manolosanctis proposent pour la première fois une série en plus de 2 tomes et celle-ci emprunte le registre du thriller fantastique. On découvre tout d'abord un personnage mystérieux : Hank Chavez meurt ou est blessé à plusieurs reprises, mais systématiquement il recouvre son intégrité physique ou renait de ses cendres (d'où le titre). On n'en apprendra guère plus dans ce premier opus sur les causes et les mécanismes de cette capacité très pratique : les 3 tomes à venir sont là pour ça. Face à lui, une héroïne inspectrice travaille pour une compagnie d'assurances. Annie Mitchum trimballe une blessure hideuse sur la moitié du corps, dont nous découvrirons l'origine en lisant la séquence N&B offerte en postface et réalisée par Fred Boullet. Mais avant cela, les 46 premières planches dévoilent une intrigue piquante. On reconnaît la narration typique d'Antoine Ozanam, qui ne vous prend pas trop par la main et dissémine des pièces d'un même puzzle. A vous de les replacer dans un ordre supputé et de forger votre conviction... qui s'étaye ou se déconstruit au fur et à mesure du récit. Cela dit, il n'est pas toujours aisé d'appréhender les personnages et leurs situations, car le dessin d'Etienne Guignard joue sur des angles ou des macro-plans souvent décalés, ainsi que des faciès déformés, parfois ardus à piger. Ce parti-pris graphique, jouant avec les masses de noirs et les couleurs en aplats, s'inspire d'une forte culture comics. S'il ne fluidifie pas la lecture, il a du style et renforce à dessein le caractère nébuleux de l'intrigue...