L'histoire :
Cet été là, David et ses parents ont choisi la montagne. Mauvaise pioche : le parc de loisirs où ils ont choisi de passer leurs vacances vient d'être ravagé par la tempête du siècle. Les arbres sont déracinés, les chalets et les caravanes éventrés, les piscines vidées de leur eau et les toboggans aquatiques logiquement impraticables... Une poignée de touristes est tout de même venu, pour profiter au moins du grand air, à défaut des installations. David sympathise rapidement avec 3 autres garçons âgés comme lui d'une dizaine d'années : Jules, Benoît (le fils du directeur) et l'« américain » (qui est hollandais). Livrés à eux-mêmes, ils explorent les recoins désertés du parc, les zones dévastées, ils se font des foots dans des piscines vides ou, à l'inverse, se baignent dans la bibliothèque inondée. Ils jouent à l'explorateur, notamment en remontant les toboggans des installations aquatiques, rampant à l'intérieur des tronçons en tuyaux, en tenue de cosmonautes. L'ambiance est franchement étrange. Le type déguisé en mascotte d'ours, pour amuser les touristes, erre bizarrement sans croiser personne. Et puis une petite rivalité amoureuse s'installe entre David et Jules, pour séduire Maria, la jumelle de Benoît... Bien des années plus tard, l'un d'entre eux reviendra faire un pèlerinage avec un intense poids de culpabilité sur ses épaules. Mais que s'est-il passé cet été là ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un centre de loisir et des enfants de 10 ans... Voilà un alliage rarement osé pour composer un thriller ! Mais il faut dire que le cadre, un établissement de type Center Park, est d'emblée découvert au lendemain de sa dévastation par une tempête. Omniprésent, un puissant malaise se dégage, aussi bien dans les relations ambigües qu'entretiennent les enfants entre eux, que dans les lieux dévastés et désertés, proches d'un contexte post-apocalyptique. De même, les séquences en flash-forward, montrant l'un des protagonistes qui revient, bien des années plus tard, faire une sorte de pèlerinage, habité par un mal-être d'origine inconnu, renforce incroyablement la tension et la question centrale : mais que s'est-il passé, bon sang, lors de ce séjour estival bizarre ? Vous le saurez... mais à la fin. Thomas Humeau rythme impeccablement ses séquences de son one-shot et joue beaucoup, visuellement, avec l'étrange. La conjoncture de ces deux éléments instille un énorme suspens. Le regard vide Jules... la déambulation de l'ours... les enchevêtrements des toboggans... On s'attend à tout moment au climax. Il sera traité avec subtilité. Le dessin appartient à la nouvelle BD : un trait fin tremblotant et complété de couleurs modernes et glauques. Mais au-delà de la « forme » du dessin, se dégage de certaines séquences des perspectives et des profondeurs qui confèrent une idée de vertige admirablement gérée. Le jeune auteur, pour qui c'est le tout premier album solo, promet donc déjà belles choses...