L'histoire :
Roger, vaguement connu dans le quartier pour son look de Super Rabbit, est un super héros pathétique. Dépressif, divorcé, au chômage, il passe ses journées accoudé au comptoir d’un bar à picoler comme un trou. En fait, un concurrent lui a piqué le marché : Mousse Costaud, qui fait la Une de tous les médias pour ses prouesses de justicier. Soudain, le téléphone de Super Rabbit sonne ! Hélas, c’est sa conseillère à Pôle Emploi qui lui donne rendez-vous. Elle lui pose un ultimatum : trouver un vrai boulot sous 7 jours. Il accepte donc en maugréant le poste de plongeur dans un restaurant, proposé par un pote. Et puis soudain, au réveil d’une sieste, une vieille se trouve dans son bureau. Elle lui propose une mission : empêcher son fils, un petit escroc, de faire de futures bêtises. Super Rabbit prend donc dicrétos le rejeton en filature. Effectivement, ce couillon-là braque une épicerie. Roger tente d’intervenir, mais il est vraiment trop naze : il s’assomme avec un pot en rayon. C’est alors que débarque Mousse Costaud, qui neutralise les brigands. Mais pas seulement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour de vrai, Martin Wautié n’aime pas les super héros ! C’est en partie pour cette raison que ce jeune auteur, troisième « dauphine » de la révélation Blog en 2010, met en scène dans cet album l’un des justiciers les plus loosers du 9ème art. Le pathétique de ce personnage anti-super héros, Roger, alias Super Rabbit, est assurément le meilleur atout de ce petit one-shot publié chez Manolosanctis. La forme artistique est également intéressante, même si elle rebutera au départ nombre de lecteurs de BD classiques, habitués aux dessins proprets ou académiques. Wautié déroule en effet une griffe vintage à l’excès, réalisée à la manière des cartes à gratter ou de la linogravure, simulée à la tablette infographique. Le rendu final en bichromie de teintes délavée et vomitives laisse perplexe au premier regard. Puis on s’habitue et on se laisse séduire par la maîtrise certaine de la technique. Côté scénario, hormis l’énième caricature de la société qui laisse tout un tas de monde sur le bas-côté, c’est déjà plus limité. Quelques situations décalées (le véhicule carotte) ou quelques réflexions plus profondes sur la vie (change-t-on, au cours de l’existence ?) sortent toutefois le récit d’un schéma narratif convenu…