L'histoire :
Paris, juillet 1942. La Gestapo vient arrêter la famille Starzynski au beau milieu de la nuit. Sa mère, son père et Sarah sont emmenés au Vel d'Hiv. La fillette de 10 ans a juste le temps de cacher son frère Michel dans un placard, en lui promettant de venir le chercher dès que possible. Arrivée au Vel d'Hiv, Sarah se demande pourquoi tout le monde porte une étoile jaune.
Paris, mai 2002 : Julia Jarmond, une journaliste américaine, son mari, Bertrand, et leur fille Zoé évaluent, en compagnie de leur ami Antoine, les travaux de rénovation à entreprendre dans l'appartement de Mamé, la grand-mère de Bertrand. En effet, l'électricité n'est plus aux normes, la cuisine et la salle de bain sont à refaire. Julia Jarmond doit s'éclipser car elle a rendez-vous dans la rédaction de l'hebdomadaire Seine Scènes, avec lequel elle collabore depuis 6 ans déjà. Joshua, le rédacteur en chef, lui demande d'écrire un article pour le soixantième anniversaire du Vel' d'Hiv, un lieu funeste où des milliers de famille juives ont été parquées dans des conditions atroces avant d'être envoyées à Auschwitz. Elle décide d'interviewer des survivants et des témoins. L'enquête commence...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l'origine, Elle s'appelait Sarah est un roman signé Tatiana de Rosnay, qui a connu les joies d'une adaptation au cinéma en 2010 sous la caméra de Gilles Paquet-Brenner. Grand succès public et critique, il bénéficie ici d'une adaptation remarquée et remarquable sous la houlette de Pascal Bresson, qui s'empare subtilement de l'esprit du bouquin. Il mène de front les deux histoires dans une narration parallèle qui sème le trouble, au début, et qui monte crescendo. De découverte en découverte, Julia s'attache à cette Sarah promise à la déportation, avec sa famille, montrant au passage les conditions ignobles de détention des familles juives au Vel d'Hiv et dans le camp de Beaune-la-Rolande, antichambre d'Auschwitz. La puissance émotionnelle est d'une intensité rare et Bresson la capte avec son sens prononcé de l'intrigue. La réussite de cette adaptation se lit également par la force du dessin d'Horne qui, dans un noir et blanc nuancé de gris, restitue la noirceur du récit. En point d'orgue, des gardes sans visages en imposent de leurs formes massives et déshumanisées. Seule lueur d'espoir dans cette torpeur : Sarah, cheveux d'or et yeux bleus perçants. Elle s'appelait Sarah fait partie de ces ouvrages de Mémoire qui occupent la mémoire bien longtemps après sa lecture.