L'histoire :
Jo se rend à son rendez-vous auprès de la chambre de l'agriculture. Elle souhaite déposer un dossier pour reprendre prochainement la ferme caprine dans laquelle elle travaille avec Georges. Mais la personne qui la reçoit est sceptique. Le dossier est complet, bien rempli, mais elle est dubitative. Jo se rend-elle compte de ce que la reprise d'une ferme va entraîner ? Car c'est une femme, et elle sera seule dans cette aventure... Pourtant, Jo ne voit pas où est le problème : Georges la forme correctement et la prépare pour qu'elle assure la relève, et elle est parfaitement capable de devenir patronne de la ferme. Elle effectuera des tâches qu'elle fait déjà au quotidien... Agacée par ces propos sexistes, elle rentre à la ferme et reprend son travail. Le lendemain, elle accompagne Georges pour la première fois au marché. Lorsqu'ils arrivent sur place pour installer leur stand, Jo fait la connaissance de deux autres paysannes : Anouk, qui est apicultrice, et Coline qui a repris une exploitation de brebis avec son mari. Alors qu'elles commencent à échanger, elles sont interrompues par les propos dégradants des travailleurs du café et des agriculteurs. Jo réagit : il est complètement anormal de se faire rabaisser de la sorte avec, pour seul prétexte, le fait d'être une femme agricultrice ! Anouk et Coline font profil bas, elles n'ont pas l'habitude de riposter, et elles ne se considèrent pas comme féministes. Pourtant, de fil en aiguille, à force de dialoguer entre femmes, et d'être la cible d'un certain nombre de propos malvenus, elles vont se questionner sur leur place dans la société, au sein du monde agricole, mais aussi sur leurs propres capacités à ne plus tolérer ces situations.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jo est paysanne, passionnée par son métier. Elle va croiser la route de deux autres collègues. Toutes trois vont découvrir le sexisme ambiant dans le monde agricole, et vont tenter de faire entendre leur voix pour contrer le patriarcat. L'autrice Maud Bénézit est particulièrement présente sur les réseaux sociaux. Au détour d'une rencontre avec une ancienne amie devenue agricultrice, elle va découvrir qu'un collectif de paysannes cherche à parler, à travers la bande dessinée, de leur quotidien dans ce monde agricole, et du sexisme omniprésent. Maud sait dessiner, le collectif des cinq paysannes a des choses à raconter. L'envie de débuter ce projet collectif débute alors en 2017. Ce titre est donc rédigé à douze mains, et chaque collaboratrice a été partie prenante de sa réalisation. En revenant sur leur vécu, sur la dureté de leur quotidien, mais aussi sur les bonheurs qu'il apporte, et surtout en mettant en lumière les propos sexistes auxquels elles ont toutes été un jour confrontées, elles veulent éveiller les consciences. Car le monde paysan n'est pas plus épargné du patriarcat que le reste de la société. Toujours perçus comme des métiers « difficiles », « physiques », « éreintants », « virils », les clichés ont la vie dure, et nuisent à l'entreprenariat féminin dans l'agriculture. En unissant leurs forces, elles mettent des mots sur leur vision des choses, en essayant d'être les plus justes possibles, en forgeant un ouvrage féministe à leur image. On est agacé de voir à quel point nous sommes encore loin d'une égalité entre les genres dans le monde professionnel. Mais on ressort de cette lecture avec une envie de lutter nous aussi contre ces préjugés, contre ces dévalorisations des femmes. Alors la prochaine fois que vous croisez une paysanne, ne lui demandez pas « il est où le patron ? », et gardez en tête que le patron se trouve peut-être en face de vous.