L'histoire :
Raya, Iranienne de 19 ans, vit à Téhéran, capitale de la République Islamique d'Iran. Pourtant, avec ses quelque 10 millions d'habitants, ses embouteillages et sa pollution, Raya n'admire pas vraiment cette ville. D'autant plus qu'elle est une femme et lesbienne. Ce qui ne favorise pas une vie paisible et tranquille. Comme tous les jours, elle arrive en retard dans son lycée privé, l'un des meilleurs de la ville qui, comme partout, est non mixte. Toutes les élèves viennent de la grande bourgeoisie, sauf elle. Lorsqu'elle arrive dans la grande salle, toutes les élèves sont alignées au garde à vous. L'une des femmes travaillant dans l'école prend la parole. Elle est la garante du respect des lois islamiques. Elle demande aux jeunes filles de retirer leur voile et de lui montrer leurs mains. Lorsque Raya enlève son voile, elle dévoile une tête rasée à moitié et de longues mèches violettes. Il est rappelé que les piercings, les sourcils épilés et les ongles vernis sont prohibés, comme les coupes de cheveux indécentes. Quelques heures après ce rappel à l'ordre, Raya retrouve Mona, sa petite amie, qu'elle voit en secret. Mais cette fois-ci, Raya n'a plus envie de se cacher et l'embrasse en pleine rue. Mona recule pour ramasser son voile et s'indigne. Elle est complètement folle ! Si la police des mœurs les avait vues... C'en est trop pour elle. Mona décide de rompre avec Raya.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album d'Eric Darbré (journaliste d'investigation), Zainab Fasiki (auteure qui a publié Hshouma) et Aran de Shahdad (qui vit en Iran) s'inspire d'une histoire vraie, qui aborde la question de la condition des femmes en Iran. A travers le personnage de Raya, une jeune femme Iranienne lesbienne, ils nous dépeignent son quotidien, partagé entre colère, peur et restrictions. Elle ne peut pas être la femme qu'elle souhaite, elle ne peut pas s'afficher au bras de celle qu'elle aime, elle ne peut pas s'habiller ou se coiffer comme elle aimerait. Face à cette politique autoritaire, Raya tente de se positionner en tant que rebelle, d'aller à l'encontre de ce régime. Mais au fond d'elle, on sent aussi une envie de liberté, un rêve d'une autre vie dans un autre pays. Alors que faire : rester et lutter en se mettant en danger ? Ou privilégier la facilité et quitter le pays pour tout recommencer ? Les auteurs réussissent à nous transmettre l'indignation de Raya, mais aussi son insécurité permanente, la surveillance omniprésente. Côté illustrations, le parti-pris de l'autrice est de privilégier les aplats de couleurs. Cela vient contraster avec la tonalité plutôt sombre du récit, puisque la couleur est reine. Le dessin manque toutefois d'aboutissement, pour pleinement nous embarquer. Ce roman graphique engagé nous plonge au cœur d'une dure réalité et nous fait prendre pleinement conscience de certains enjeux.