L'histoire :
Jeanne a un coup de cœur pour son collègue Paul. C’est réciproque, mais Paul n’est pas libre. Tant pis. Sachant cela, Jeanne accepte tout de même d’avoir une relation cachée avec lui. Malgré ses espoirs, elle comprend que Paul ne quittera pas Solène, sa compagne, pour n’être qu’avec elle. Leur relation vacille. Jeanne en a assez d’être relayée au second plan, de passer après et de n’être là que quand Paul le décide ou le peut, mais il n’arrive pas à dire stop. Sa volonté est vite balayée par cet homme qui fait d’elle ce qu’il veut... quand il veut. Après plusieurs mois, sentant que Jeanne lui échappe, Paul décide de risquer son couple légitime en présentant Jeanne à Solène. Pari risqué. Mais Solène finit par accepter, pour ne pas voir son conjoint partir. Pour autant les deux femmes seront souvent en conflits. Entre égo, jalousie et coups bas, c’est la guerre à celle qui aura Paul. Mais encore une fois, Paul fixe ses règles. Les deux femmes en ont assez : il a la belle vie et il ment à chacune pour satisfaire l’autre… Et si elles changeaient les règles du jeu ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Phénomène tendance, le « polyamour » est désormais assumé (ou pas !) Ce récit est à la fois drôle et triste, car on se rend bien compte de la situation de Jeanne qui ne s’épanouit pas ou plus dans cette relation, mais ne parvient pas à y mettre fin. Malgré les conseils de son entourage, elle persiste dans une histoire vouée à l’échec, elle le sait et depuis le début. Peut-on vraiment accepter de partager son histoire d’amour ? Jeanne et Solène se retrouvent en concurrence alors qu’elles auraient pu être amies. Paul, le bienheureux ! Il y trouve son compte, deux femmes qui se battent pour lui, il a la meilleure place. Margaux Reinaudo, alias Gomargu, est scénariste et illustratrice – on retrouve ses illustrations pleines de sens et d’expressions sur son compte Instagram. Dans ce roman graphique, co-écrit avec Louise Giovannangeli, elles mettent l’accent sur le côté manipulateur de Paul envers ses compagnes. Il y a une perversité dans leur histoire, quelque chose de malsain, mais aucun des trois n’en a vraiment conscience. Les agissements de Paul peuvent faire bondir le lectorat (féminin). On ressent à travers les dessins et le texte, les différentes émotions de Jeanne : la frustration, la colère, la tristesse, la jalousie et bien d’autres. Cette lecture est pleine de dérision, puisque Jeanne se compare à un dindon. Une histoire (presque) vraie, elle l’avoue dès les premières pages de façon amusante, écrite comme une confidence, un besoin de vider son sac et tourner la page. Quand on sait qu’une relation à deux ce n’est déjà pas simple, chapeau à ceux qui y parviennent à trois !
