L'histoire :
La petite peste philosophe est une gamine mal dans sa peau. Au moment de sa naissance, pressentant le caractère cruel de notre monde glacé, elle passe plusieurs heures tapie dans l’utérus de sa mère, refusant d’en sortir. Ce n’est qu’à force de persuasions (et en lui proposant de lui offrir une moto), qu’elle consent enfin à montrer le bout de son nez. Sans surprise, c’est surtout pour grogner. Lorsque la naissance est déjà compliquée, difficile de grandir décemment. Tout au long du livre, la petite fille emmène le lecteur dans les profondeurs de son univers. L’histoire se déroule sur un laps de temps très large puisque l’héroïne grandit et entre rapidement en maternelle. Elle fait ainsi la connaissance d’Angelicia, petite fille pouponne aux joues rosées, qui dévore autant qu’elle parle (c’est à dire beaucoup). Cependant, le monde d’une petite philosophe de trois ans ne peut décemment pas être normal. Dans son entourage, elle compte ainsi la présence d’un gros cochon parlant, du nom de Lino Trifola…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vanna Vinci publie ici le premier tome des tribulations d’une jeune héroïne. C’est avec un humour rempli de scepticisme et d’ironie que la petite fille entre en scène. Le trait est plutôt simple mais agréable, sans aucune couleur. De manière générale, l’œuvre est organisée en petits strips de quatre cases maximum, s’adaptant parfaitement à l’esprit et à l’humour du livre. Ces strips sont parfois entrecoupés de planches sans doutes « imaginées » par la petite fille : recettes de cuisine, bons d’adoption, inventaires… Ces passages sont plutôt amusants et bien pensés, même s’il est souvent difficile de comprendre où l’auteur veut en venir. De manière générale, La petite peste philosophe laisse un goût d’inachevé, le sentiment d’être passé à côté de quelque chose. Quarante ans après Mafalda, la BD culte de Quino, l’auteur reprend sensiblement les mêmes codes : une petite fille surdouée, des réflexions philosophiques et un public plutôt adulte en opposition avec l’âge des protagonistes de l’histoire. Mais il semblerait que la recette ne marche pas à tous les coups. L’humour est ici maladroit ou inabouti : il fait sourire parfois, rire très rarement. Le personnage de Lino, le cochon parlant, ajoute absurdité et décalage, qui siéent plutôt bien à l’œuvre. Mais il faut avouer qu’il faut avoir l’esprit ouvert pour appréhender le monde construit par Vanna Vinci. Parce que même si on se situe dans un univers imaginaire, il est toujours difficile d’imaginer une petite fille de trois ans (son amie Angelicia) sortir avec un cochon parlant et participer avec lui à un concours de tango…