L'histoire :
Lateef a quatorze ans lorsqu'il décide de quitter son pays, l'Afghanistan. Il réalise ce périple en risquant sa vie chaque jour, mais il finit par arriver sur Paris. A l'origine, il souhaitait se rendre en Angleterre. Mais après avoir échangé avec une personne, celle-ci lui a conseillé de rester sur Paris. C'est plus simple et moins coûteux. Débute pour lui une nouvelle vie en tant que réfugié, dans un pays qu'il ne connaît pas, et qui a une culture bien différente. Il oscille entre l'accès à la bibliothèque gratuite, les cours de français, les déplacements aux douches publiques et à la distribution de repas. Il y rencontre une personne qui accepte de l'accompagner et de l'aider. Il n'a plus besoin de dormir dans la rue avec son duvet, la famille Cohen lui vient en aide. Le couple l'accueille les bras ouverts. Une chambre confortable, des repas savoureux en quantité, et ils sont aussi décidés à l'accepter comme leur propre fils. Lateef, après deux ans de voyage, est donc en France en tant que mineur isolé. Les Cohen l'aident dans ses démarches administratives pour qu'il soit reconnu comme mineur et accompagné comme il se doit. Mais le parcours pour réussir à faire valoir ce droit est complexe et semé d'embûches. Heureusement, en étant bien entouré, Lateef ne lâche rien. Même si les sombres pensées des souvenirs de sa fuite ne cessent de le hanter...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rachel Lev (psychothérapeute et illustratrice, autrice de Mon vagin, mon gynéco et moi, Journal intime d'une névrosée ordinaire) s'associe à la scénariste Sara Emilie Simone, scénariste du roman Tout Ella. Ensemble, elles ont rencontré la famille Cohen et Lateef, les protagonistes de cette histoire. Elles ont recueilli leurs témoignages, leurs expériences respectives sur l'arrivée en France de Lateef et son accueil, et ont souhaité retranscrire cela à travers une bande dessinée. La première chose qui interpelle, c'est la forme. Dès sa couverture, ce roman graphique propose des couleurs vives et acidulées, très pêchues et modernes. Au feuilletage des pages, c'est pareil : les couleurs nous sautent au visage. Etrange pour un ouvrage qui aborde un sujet aussi dur que l'immigration ! D'ordinaire, les bandes dessinées qui évoquent ce sujet optent pour des tons plus neutres, plus sombres. Et c'est la première force de ce roman graphique : il se démarque, il interpelle. Et cela fait aussi du bien, malgré la dureté du propos, d'y voir aussi l'aspect positif. Car malgré toutes les difficultés que traversent Lateef et sa famille d'accueil, l'issue est positive. Narrativement, on suit le quotidien du jeune réfugié dans la ville de Paris. On alterne avec des flashbacks, des terreurs nocturnes, qui nous permettent de comprendre d'où il vient, ce qu'il a vécu. Un témoignage poignant et réaliste, sur le parcours des réfugiés, mais qui reste optimiste.