L'histoire :
Il a fallu quelques séances chez le psy pour que John Lennon exprime enfin tout ce qu'il avait sur le cœur depuis sa plus petite enfance. Les frustrations liées à l'abandon de son père, à l'absence de sa mère, à la solitude profonde qu'il ressent pendant son adolescence. Très confortablement installé à New York dans un immense hôtel particulier, il n'a que quelques pas à faire pour aller parler à cette femme qui ne l'avait jamais regardé autrement que comme un homme normal. Peut-être une des seules personnes à le faire alors qu'il est déjà au sommet de la célébrité. La confiance est immédiate et les souvenirs remontent, construisant petit à petit la personnalité de l'un des musiciens les plus géniaux de l'histoire. Lennon raconte la tristesse de l'enfance, la découverte de la musique, la tentation de la violence et les premières expériences de la scène. Il dessine petit à petit l'histoire du membre fondateur des Beatles et la rencontre avec Paul McCartney dont le talent l'impressionne. Il raconte les expériences impitoyables des premiers musiciens virés, et l'arrogance d'un jeune homme frustré qui devient, en quelques années, une star mondiale. Jusqu'au jour où il signe un autographe à un fan dérangé qui le tue en pleine rue.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les mots de David Foenkinos et la patte scénaristique d'Eric Corbeyran réussissent à emporter toute réticence dès les premières pages de cette bio originale et intime. Un rythme impeccable nous emporte avec facilité de la petite enfance à la terrible scène de l'assassinat, sans qu'on puisse lâcher ce livre passionnant. Le dosage des anecdotes privées de la vie de Lennon et des grandes étapes de la carrière des Beatles est parfait, ne donnant jamais l'impression de suivre une chronologie obligée. Même si une partie des dialogues est nécessairement romancée, on en apprend beaucoup si on n'est pas un fan hardcore du Beatles à lunettes rondes (qui n'ont pas toujours été là, apprend-on). Le dessinateur Horne a très bien travaillé le réalisme des visages, même si sa propension à copier-coller ses propres cases irrite quelque peu (une petite vingtaine de fois le visage de Lennon appuyé sur le dossier de son fauteuil). Cela dit, ses pages sont belles dans leur noir et blanc aux nuances de gris, et sa mise en scène parfaitement fluide. Les auteurs réussissent un exercice hautement périlleux, puisqu'il combine les difficultés de la biographie et celles de l'adaptation en BD d'une œuvre littéraire. Très professionnel et instructif. Une vraie réussite.