L'histoire :
A l’occasion de l’enterrement d’une amie, Hélène revient dans la petite bourgade de province où elle a jadis grandi. Elle s’y rend en TGV et attend son père, qui est sensé venir la chercher à la gare. Mais elle est finalement obligée de lui téléphoner, car ce dernier l’a oubliée. Son père montre tous les signes d’un début d’Alzheimer. Il est notamment heureux pour son épouse qu’Hélène soit de retour… alors que son épouse est décédée 15 ans plus tôt. Plus tard, à l’enterrement, Hélène retrouve sa copine Najat. Ensemble, elles se remémorent quelques souvenirs, parfois un peu encombrant. Notamment, à l’époque, avec deux autres copines, elles avaient formé une sorte de milice féministe qui se vengeait des exactions sexistes commises par les jeunes hommes de leur lycée. L’un d’eux qui les avait appelées « Petites chattes » s’était retrouvé tabassé et tailladé au couteau d’un « B » sur le front. B, comme bâtard. Najat apprend à Hélène que leur copine Katia a encore récemment écopé de 3 ans de taule pour violences aggravées à coups de batte de baseball au sein d’une réunion de suprémacistes blancs. Hélène rentre chez son père déprimée. Elle retrouve notamment son carnet intime sous une latte du plancher de sa chambre d’adolescente…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers cet album en one-shot, les autrices Ingrid Chabbert, Pauline Bertrand et l’auteur Olivier Pog tentent d’entremêler la lutte féministe et le thriller. Par un découpage en chapitres, le récit alterne les séquences du présent et celles du passé, qui éclairent progressivement le présent. Adulte et maman, le personnage d’Hélène revient dans sa ville de jeunesse où elle retrouve son vieux papa atteint d’Alzheimer et renoue avec de vieilles histoires… un peu honteuses. Car jadis, avec des copines, elles commettaient des agressions sur les hommes qui se comportaient mal à l’égard des femmes. Et une affaire avait notamment abouti à un meurtre, resté en « cold case ». Or le temps aidant et de nouveaux éléments viennent soudain éclairer sous un autre jour ce qui s’est passé, 15 ans plus tôt. Sur le plan de la mécanique narrative, grâce à un twist malin, l’histoire est plutôt efficace. Le dessin semi-réaliste de Pauline Bertrand est lui aussi sérieux et efficient. Sur le plan du propos global, elle est déjà plus confuse… Les développements du récit ont en effet une légère tendance à justifier la violence féministe, la sororité milicienne, en contrepartie « méritée » du machisme ordinaire. Le scénario s’arrange pour rester flou sur la morale et c’est sans doute cet entre-deux le plus dérangeant. Les réflexes et mentalités post #metoo restent à être bien définis.