L'histoire :
Barcelone, 1893. Dans une ruelle sombre et humide, trois hommes tentent de faire la peau à un dénommé Sigerson. Mais ce dernier est plutôt habile dans l’art du combat et il défait ses assaillants, avec une simple canne et ses pieds. Avant de partir, les trois malfrats lui promettent de revenir avec toute la « Confrérie ». Car le « Colonel » veut sa peau. Pendant ce temps, dans une petite imprimerie du centre, Jaume Maspoch fait des heures supplémentaires. Mais pas de celles qu’on fait pour son patron. Car en cachette, Jaume imprime plusieurs centaines de pamphlets anarchistes. Pamphlets que Felipe et Josep ne tardent pas à venir chercher pour en faire la distribution. Felipe en profite pour apprendre à Jaume qu’il arrêtera bientôt de participer à cette activité. Il a en effet décidé d’aller plus loin et de rejoindre un groupe activiste appelé « Mestral »,dirigé par un mystérieux étranger, le « Colonel ». Ce groupuscule est adepte de la « propagande par l’action », à savoir réveiller les masses au moyen d’actions violentes retentissantes. Pourtant, bien vite, Felipe comprend qu’il s’est fourvoyé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour construire une nouvelle aventure au célèbre détective londonien, Sergio Colomino se glisse astucieusement dans ce que les « cercles holmésiens » ont pris pour habitude d’appeler le Grand Hiatus. Cette période correspond à l’intervalle séparant Le dernier problème – au cours duquel Holmes est donné pour mort dans les chutes du Reichenbach – et La maison vide – où il fait sa réapparition à Londres. Qu’a bien pu faire Holmes pendant ces 3 années (1891-1894) ? Le récit de cette intrigue à Barcelone propose de répondre en partie à cette question en confrontant notre limier à l’Histoire espagnole. En particulier, Colomino tisse la toile de son récit autour d’un attentat retentissant (20 morts) perpétré par des activistes anarchistes en 1893 au Grand Théâtre du Liceu (Liceo) à Barcelone. Voilà donc Holmes plongé au cœur de l’Histoire de la Catalogne et tenté d’infiltrer un groupuscule terroriste pour coincer une vieille connaissance. Anarchistes de tous poils, nihilistes, conspirateurs adeptes de la terreur, imprimeur clandestin, pègre barcelonaise, frère de l’incontournable Moriarty et même sous-marin, croisent ainsi la route du fameux limier. Plus exactement, celle d’un autre personnage, Jaume Maspoch, qui est le véritable protagoniste moteur du récit. Holmes n’intervenant, lui, que providentiellement pour sauver la partie et livrer ses kilos de déductions. Parfaitement documenté, l'ensemble réussit avec habilité à superposer intrigue policière et Histoire... mais manque pourtant cruellement de piquant. Jamais complètement surpris, partiellement curieux de ce qui va survenir, on se laisse simplement porter par une intrigue dont les tenants et les aboutissants sont uniquement énoncés par de longs monologues de Sherlock Holmes. Dommage ! Le contexte historique proposé, le personnage de Maspoch, le charisme d’Holmes semblaient pouvoir offrir quelques doses d’adrénaline supplémentaires ou de résoudre l’intrigue avec plus de panache. Rien à redire sur le dessin proposé par Jordi Palomé, à la fois réaliste, détaillé, et parfait pour porter l’atmosphère mystérieuse du récit.