L'histoire :
Léa sort de l’école en pleurs : ses camarades se sont moqués d’elle parce qu’elle s’appelle Léa Thomas, un prénom qu’ils jugent masculin. Sa mère lui explique que ce prénom a été choisi en hommage à un homme exceptionnel : Thomas Sankara. Elle décide alors de lui raconter son histoire. Militaire anticonformiste, Sankara devient en 1983, à seulement 33 ans, le plus jeune président du monde, en prenant la tête de la Haute-Volta, un pays parmi les plus pauvres d’Afrique, gangréné par la corruption et l’injustice. Il rebaptise la nation Burkina Faso, « le pays des hommes intègres » et mène une politique révolutionnaire axée sur l’indépendance économique, l’éducation et l’égalité des sexes. Intriguée, Léa remarque que ses parents n’aiment généralement pas les militaires. Sa mère lui explique que Sankara lui-même se méfiait de l’armée et considérait qu’un militaire sans conscience politique était un criminel en puissance. Son destin n’était d’ailleurs pas tracé : il aurait pu devenir prêtre, comme le voulaient ses parents, ou chirurgien, comme il en rêvait. Mais c’est à l’école militaire qu’il forge sa pensée en lisant Molière, le dictionnaire et les écrits de Lénine. C’est là qu’il développe sa vision du monde et son désir de révolution. Son grand-père était un homme singulier et exceptionnel...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le destin fulgurant de Thomas Sankara, rebelle visionnaire, plus jeune président du monde, surnommé le « Che africain » est ici retracé, de son ascension à sa chute tragique. L’album met en lumière son combat pour l’émancipation nationale, la justice sociale et la libération des femmes, dans un contexte politique bouillonnant où il s’est heurté aux intérêts des puissances occidentales et des élites locales. Raconté à travers le regard de sa petite-fille, le récit explore non seulement son héritage politique, mais aussi l’impact de sa disparition sur le Burkina Faso et les générations suivantes. Le scénario de Pierre Lépidi et Françoise Marie Santucci restitue avec précision son engagement et les contradictions d’un pouvoir autoritaire, entre réformes radicales et répression des opposants. Le dessin de Pat Masioni, sobre et classique, s’appuie sur une palette chaude qui reflète l’atmosphère africaine et donne une profondeur vibrante aux scènes-clés. L’album se conclut par son discours historique sur la dette, un appel visionnaire qui résonne encore aujourd’hui, témoignant de la portée universelle de sa pensée et de son combat inachevé.