L'histoire :
Les hommes parlent, parlent, parlent, entre eux, à eux, d’eux, dans un brouhaha indescriptible, insupportable. Et puis un jour, en 2017, #metoo arrive… Charlotte envoie sur les roses son collègue qui fait une lourde blague sur ses règles supposées. Nelly cloue le bec à des jeunes gens qui lui demandent son 06. Christiane largue avec humour son lourdaud de mari. La mamie devant la télé aimerait bien voir son petit-fils plus souvent en vrai. Et la nièce qui subit des attouchements blagueurs de son oncle lui rend la pareille en lui brisant les parties génitales… Et ce n’est pas tout ! Parce que les problèmes de prostate de Victor, on s’en bat « les couilles avec des raquettes en bois », sic.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si le mouvement #metoo a permis de libérer la parole des femmes, on est encore loin d’une société où les femmes ont la même liberté de paroles et d’actes que les hommes. Partant de ce constat, Emmanuelle Teyras et Maxime Poisot mettent en scène des femmes qui se rebellent, qui s’opposent ou bien qui prennent la place des hommes. Alors qu’ils s’étaient spécialisés dans l’album jeunesse avec une série craquante sur le thème « ce que font toujours… ce que ne font jamais… » (chez Mango Jeunesse), Poisot et Teyras se tournent désormais vers l’adulte. Sexisme muselé, sexisme puni ou sexisme inversé, les auteurs s’en donnent à cœur-joie pour le plus grand bonheur des lecteurs, pour peu qu’ils aient un peu plus de cerveau et un peu moins de gonades. C’est intelligent et fin, souvent drôle, c’est surtout une belle bouffée d’air frais pour tous ceux qui pensent que le fait d’avoir un chromosome x ou un chromosome y ne doit pas interférer sur la capacité à avoir des droits, à être reconnu et respecté. Si l’utopie de l’égalité homme-femme se rapproche de la réalité, c’est aussi grâce à l’humour militant. En voilà un bel exemple, drôle et agréable à lire, mais qui a un goût de trop peu…