parution 02 octobre 2019  éditeur Marabout  collection Marabulles
 Public ado / adulte  Mots clés Chronique sociale / Féminisme

Une Vie de moche

Guylaine est moche… enfin elle s’en est persuadée dès qu’elle a pu porter un regard sur elle. Son corps la rebute, elle le trouve disgracieux. Elle nous livre un regard touchant sur cette mauvaise estime de soi, quand la non-beauté devient une obsession.


Une Vie de moche, bd chez Marabout de Begaudeau, Guillard
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

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    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Yellow Star

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    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Marabout édition 2019

L'histoire :

Ce jour qui va briser sa vie, elle n’est pas prête de l’oublier. Pourquoi ce jour-là a-t-elle été exclue, juste parce qu’elle est moche ! Sous prétexte qu’elle n’est pas comme les « beaux », elle ne peut pas jouer avec les autres. Pourquoi Gilles le peut, lui ? Depuis ce jour d’une enfance jusque-là paisible, elle a été repoussée d’un groupe. Ces mots raisonnent encore dans sa tête, après toutes ces années : « on ne joue pas avec la moche ». Guylaine a sombré dans une spirale, elle n’est pas belle. Et comble du comble, c’était écrit. En effet, son prénom rime avec « vilaine ». Pourquoi ses parents ont-ils choisi ce nom ? Ses parents portent un regard attendri, bien entendu, mais elle le sait : ils ne sont pas objectifs parce qu’ils l’aiment. Son papa est maladroit et ses mots vont la blesser alors que le but était simplement de la rassurer… « Si tu n’es pas belle pour les autres, tu le seras toujours à nos yeux » Que devait-elle comprendre ? Autant de questions qui vont trotter dans la tête de Guylaine pendant des années. Certaines trouveront des réponses, d’autres plutôt des parades. Et puis il y a ces images que les médias renvoient, toutes ces femmes belles et parfaites. Elle, elle se cache sous des vêtements sombres pour qu’on ne l’a remarque surtout pas… Et puis un jour, suite à une rencontre, elle se camoufle derrière un look punk dans ce milieu ou la « laid-itude » est à l’honneur et où, pour se démarquer et exister justement, il faut être différent et oser ! Cette parenthèse grunge est pour Guylaine un pas (temporairement) bénéfique vers l’acceptation de soi. Elle a compris qu’il faut vivre pour soi et ne pas se fier qu’aux apparences, que la vraie vie n’est pas normée. Mais pour autant, elle reste seule et…moche ! Le temps passe et œuvre sur son visage. Elle séduit, mais que des hommes plus vieux. Elle s’en fiche, elle ne veut plus plaire...

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Le vendéen François Bégaudeau a plusieurs cordes à son arc : chanteur dans un groupe de punk, auteur, compositeur, romancier, acteur… Il scénarise ici sa quatrième BD, 3 ans après la précédente. Il est accompagné dans cette aventure par Cécile Guillard au crayon, une jeune dessinatrice qui signe son tout premier roman graphique. Or contrairement à la thématique de l’histoire, le dessin est tout sauf moche. Il est doux et émouvant. D'ailleurs, comme un pied-de-nez, le terme « moche » du titre est mis en avant en couleur. Un paradoxe entre le « se fondre dans la masse » et « je suis moche » : le décor est planté, le lecteur sait de quoi il va en retourner dès qu’il pose l’œil sur l’ouvrage. La monochromie choisie est sombre, ce qui accentue la gravité du propos. Cette lecture est un cri de détresse. Pour autant, à aucun moment l’auteur n'accuse la société. Il met juste sur papier les ressentis quotidiens de cette femme qui, quasiment toute sa vie, aura détesté son corps. On la suit de son enfance à ses 60 ans. De façon implicite, et sans ton moralisateur, il pointe du doigt la société, la puissance des médias, des réseaux sociaux, avec une vision souvent illusoire de la beauté, et des dictats normés. Il souligne aussi l’importance des relations humaines et les traumatismes engendrés par de simples mots. Les moqueries d’enfance marquent et peuvent briser, surtout aux âges où l’enfant se construit, se cherche et bien souvent n’a pas confiance en lui. Force est de constater que malgré les « je m’en fous » souvent présents dans nos discours, le regard d’autrui pèse lourd dans nos vies.

voir la fiche officielle ISBN 9782501122429