L'histoire :
Jean Noblard vit aux faubourgs de Clichy. Son père passe son temps à le brimer et à l'humilier, le traitant d'incapable et de bon à rien. Heureusement, ses amis de la rue sont toujours là et ils s'amusent beaucoup dehors. La bande est dirigée par Paulo et tous ensembles, ils organisent parfois une course de crapauds. Ils sont également très fiers de leur petit abri de planches, des anciennes latrines... Pourtant, un jour, alors qu'ils s'amusent dans les champs, un groupe d'ouvriers y mesurent le terrain et font du repérage. Les enfants, furieux à l'idée de perdre leur havre de paix, leur jettent des cailloux à coups de lance-pierres. Le groupe des ouvriers fuit et Jean comprend que leur chef n'est autre que son père ! Il craint la rouste en rentrant chez lui...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nous voilà plongés dans le quartier de Montmartre du début du XXème siècle. Beaucoup retrouveront des grands classiques des livres sur l’enfance comme La guerre des boutons ou encore Poil de Carotte (qui est d’ailleurs cité dans l’album). Les personnages principaux sont des enfants de la rue, aux casquettes et vêtements rapiécés. Ces Gavroche des temps modernes vivent de petites choses et sentent le bonheur sur fond de misère. Le langage est d’ailleurs celui des quartiers populaires d’antan et l’argot parisien est délicieux. Les enfants ont aussi des surnoms qui retranscrivent l'univers de l’enfance et des jeux de gamins : « l'aspic », « l'aristo », « la ficelle » ou encore « Trois pouces »… Tout un poème ! Rarement une bande dessinée n’aura aussi bien décrit l’univers de l’enfance, ses joies et ses peines, sa tendresse et ses souffrances. A tel point qu’on croirait voir le film The Kid de Charlie Chaplin. Il faut dire que le travail graphique de Patrick Prugne est superbe et tout en délicatesse. Dans des couleurs aquarelles chaudes et désuètes, on replonge dans notre passé, souvenirs lointains de jeux d’enfants et de bonbons à la guimauve. Après un énorme travail sur les personnages et le décor parisien, Prugne accélère son récit avec une intrigue à suspense. Car dans toute histoire d’enfants qui se respecte, il faut incorporer une chasse au trésor… Cette course-poursuite est des plus originales et réserve quelques surprises. La fin, tout en délicatesse et en pudeur, est également un très beau moment. Un récit unique plein d’humanisme et de nostalgie pour magnifier un monde disparu, celui de l’enfance…