L'histoire :
Diane Forest, ethnobotaniste de profession, quitte la forêt équatoriale de Palombie, où elle a son campement à l’année avec son neveu Hector, pour rejoindre en avion la ville-champignon de Bingo, dans la province désertique de Macho-Picho. C’est en effet dans cette ville en pleine expansion commerciale et immobilière, en raison de ses casinos, que se trouve le plus gros cactus du monde, « El Viejo Miragroso ». Les autochtones sont nombreux à planter sur ses épines des petits papiers sur lesquels sont inscrits leurs souhaits. Or l’expansion immobilière de Bingo vient à menacer l’existence de ce cactus à forme complexe. Et déjà, dans l’avion, Diane prend la mesure de la mentalité consumériste et ultra-machiste des habitants des bingolotos. Cela l’agace tellement qu’elle ne peut s’empêcher de rentrer dans le lard d’un douanier à l’aéroport d’arrivée… et elle se retrouve menottes aux poings, à la fouille. Or quelle n’est pas sa surprise de voir surgir d’un de ses sacs, un bébé marsupilami, qui fait un carnage dans le bureau des douaniers. Bibi s’est en effet faufilé dans le sac de la botaniste, à son insu, quelques secondes avant son départ du campement. Or maintenant qu’il a mis le souk à l’aéroport de Bingo, il se retrouve en liberté, dans cette ville où tout est soit artificiel, soit désertique. Et pendant ce temps, dans la jungle, ses parents s’inquiètent terriblement et partent à sa recherche…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme caractéristique première, ce 32ème épisode des aventures autonomes (sans Spirou et Fantasio) du Marsupilami se déroule en dehors du décorum habituel de la forêt luxuriante et des indiens folklos aux noms rigolos. Et cette fois, ce n’est pas LE marsupilami lui-même qui tient le premier rôle, ni sa Némésis couillonne-maléfique, le chasseur Bring Backalive. Au premier plan, on suit plutôt madame Marsu, son épouse, ainsi que son fils Bibi et la tante d’Hector, la botaniste Diane Forest. Normal que les héroïnes féminines soient à l’honneur, étant donné l’orientation de l’épisode, qui se place dans la mouvance féministe, dénonçant la mentalité machiste d’une ville dédiée aux excès. Il y a sans doute de la part des auteurs la volonté de bien faire, mais on ne peut s’empêcher de traduire de cette intrigue une volonté d’entamer maladroitement un air prémâché de notre époque. Rappelons l’évidence : le machisme et la phallocratie, c’est pas bien… Mais les anti-clichés, qui sont aussi des clichés, ça n’est pas mieux. Au passage, l’aventure dénonce aussi l’aberration d’une ville-champignon en plein désert, dédiée aux casinos et à la surconsommation de masse, qui rappelle furieusement Las Vegas. Enfin, troisième aspect moralisateur : la nécessité primordiale de protéger les espèces végétales (le vieux cactus géant). En marge de ces louables et malhabiles intentions, la narration n’est pas transcendantale. Peu d’humour, un non-rythme un peu décousu, des facilités cousues (elles !) de fil blanc… Reste le dessin de Batem, qui perpétue la griffe dynamique franquinienne avec bonheur et pas mal d’automatismes. M’enfin, vive les femmes et les cactus.