L'histoire :
Lucine et Jean-Marie ont une fille, Jade, et un petit garçon, Enzo. Très tôt, ce dernier s’avère être un enfant actif et très tonique. Lucine doit sans cesse être derrière lui. L’expérience nounou est un échec et les débuts en maternelle ne sont pas plus faciles. C’est un enfant curieux, colérique et il faut tout le temps le canaliser et l’occuper car il est vite distrait. Il ne parvient pas à s’intégrer. Conduire Enzo à l’école devient une source d’angoisse pour Lucine. Il est en CE2 et un jour, elle comprend qu’Enzo est victime de harcèlement de la part d'un professeur. Ses parents préviennent la psychologue scolaire et décident de faire intervenir l’inspection académique. Les résultats scolaires d’Enzo baissent. Il est en fin de primaire et socialement mis à l’écart. La vie à la maison est de plus en plus complexe. Lucine et Jean-Marie décident de l’inscrire dans un petit collège privé. Mais Enzo est mal dans sa peau et il a des mots alarmants. Prise de panique, Lucine contacte le CMPP (Centre Médico Psycho Pédagogique) pour leur faire part des pensées suicidaires de son fils. Après quelques mois et un suivi régulier, le verdict tombe : Enzo n’est ni insolent, ni mal élevé, il est atteint de TDAH. Un terme barbare qui regroupe les troubles et déficits de l’attention avec ou sans hyperactivité. Il existe un traitement médicamenteux adapté à chaque patient et des établissements spécialisés. Après l’exclusion d’Enzo de son collège, il intègre un internat. Entre-temps, le couple n’aura pas résisté au parcours difficile de leur fils : les parents se séparent.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Emma, encore une fois, espère bousculer et faire réagir avec cette BD. Les ouvrages de cette autrice féministe et engagée sont souvent relayés par la presse. Emma utilise l’humour et son dessin de style blog pour dédramatiser et rendre les sujets attractifs. Sa série Un autre regard publiée en 2017 fait réfléchir et sa Charge émotionnelle, en 2018, lève un tabou sur les responsabilités qui pèsent au quotidien sur les épaules des femmes. Elle n’a pas peur des mots et ses écrits sont souvent de véritables armes. Au-delà de questionner, ce sont des guides, des lectures qui font déculpabiliser. Dans Lucine et Enzo, elle s’intéresse à la neuropsychologie, avec Enzo qui est atteint d’un trouble TDAH peu connu et pourtant plus répandu qu’on ne pourrait le croire. C’est un cri d’alarme pour dénoncer le jugement et la méconnaissance de cette pathologie. Elle met en image le rejet de cet enfant un peu différent et parfois choquant lorsqu’on comprend que le système scolaire ne l’accepte pas. Elle explique la difficulté de l’accès au soins et les rendez-vous parfois longs (CMPP) alors que la prise en charge psychologique est essentielle. Enzo se sent dévalorisé et il perd confiance en lui. Elle dénonce également le poids du regard des autres, « l’enfant mal-élevé » dans une société qui, sans cesse, juge sur des apparences. Ce livre de petit format est un réel outil d’aide pour les familles concernées. C’est aussi un support pédagogique pour mieux comprendre ce trouble dont on parle peu. Certains maux ne se voient pas et pourtant on les porte.