L'histoire :
Juan Lopez Garcia, PDG de la fondation des héritiers indigents de SGF Spruyt, présente l’œuvre qui va suivre comme une biographie Rock and Roll d’une légende de l’édition de Bande Dessinée, SGF Spruyt. A partir de documents réunis par le maître lui-même, le lecteur sera préservé des détails les plus douteux, comme la mort prématurée et probablement accidentelle de son fils, unique héritier de sa fortune… Tout commence aux enfers, où Satan, mécontent de la dernière œuvre de son peintre personnel, le congédie radicalement. À ce moment, à la surface, SGF Spruyt est affalé, ivre mort sur le zinc, d’un bar glauque. Le patron et un client s’esclaffent d’un gag dans le journal. SGF se réveille et leur demande ce qui les fait rire. Le client lui tend le journal et manifestement, la blague sur le droit de cuissage dans l’entreprise ne l’amuse pas. Il se met dans une colère noire et déchiquette le journal sous les yeux ébahis des clients, qui l’expédient fissa dans la rue où il se reçoit piteusement. Lui reste dans la main un morceau de journal qui propose une annonce bien particulière… Satan recrute un peintre officiel… SGF décide donc de tenter sa chance en postulant pour la place.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Simon Spruyt, alias Juan Lopez Garcia pour cet album, a visiblement quelques comptes à régler avec le monde de l’édition. À travers ce pamphlet démoniaque et glauque à souhait, il raconte l’ascension d’un dessinateur parti de rien qui, en signant un pacte avec Satan, va devenir le magna incontesté de la BD. En usant des moyens les plus pervers et malsains : le travail des orphelins, l’assassinat des jeunes talents plein d’avenir ou un flagrant délit d’adultère (arrangé) qui lui ouvrira des crédits infinis ; SGF Spruyt, modèle d’arriviste décomplexé, ira jusqu’à concurrencer le maître des enfers. Le message de l’auteur est clair : y’en a marre de la soupe qui tsunamise le monde de la BD par la savante technique commerciale de « la quantité plus que la qualité ». Composé en saynètes et interludes délirants, cet album entrechoque le mauvais goût des personnages avec le bon goût d’une composition élégante, dont les couleurs et le matériau apportent une touche « classe » à ce bouvier infâme où la lie de l’humanité lutte pour sa paroisse en prenant soin d’exterminer tout ce qui pourrait entraver sa descente infernale. Le trait de Spruyt accompagne cet univers dérangé, variant son style, parfois pour des clins d’œil appuyés, comme celui à Blutch dans le chapitre Apologia pro lapide et volumine… où Blotch serait le maître à penser du héros de cette farce acide et provocatrice. Pas si ciblée qu’il n’y parait, cette satire est un message à la manière dont va le monde en général, distribuant le pouvoir et même parfois la gloire à des individus peu fréquentables…
