L'histoire :
Ficanasse est détective privé en Bourgogne. Il propose de raconter ses anecdotes croustillantes en bande dessinée et commence par présenter son équipe. Il a un jeune assistant, Théo, pas encore totalement investi par le métier. Il travaille surtout avec une avocate qui lui envoie la plupart du temps des dossiers liés à des adultères ou des divorces, maître Chouchouka. Enfin, il travaille aussi avec un ancien commissaire à la retraite, qui l’envoie sur des affaires de fraudes ou de vols de brevets. Ficanasse raconte un jour d’hiver, lors duquel maître Chouchouka l’envoie espionner un homme qui ne paye pas sa pension alimentaire, à la demande de son ex-femme qui voudrait vérifier son train de vie. Ficanasse enfourche donc sa moto de très bonne heure. Mais il fait tellement froid, qu’il garde sa cagoule (noire), tandis qu’il se met en planque derrière un arbre. Il n’en fallait pas plus pour inquiéter une mamie voisine qui passe ses journées à sa fenêtre. Elle croit voir un malfaiteur ou un terroriste et appelle la police, qui interpelle Ficanasse car il correspond au signalement d’un évadé de la prison de Clairvaux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les héros détectives privés ne sont pas ce qui manque en bande dessinée. En général, ils s’efforcent de coller à l’image de Philipp Marlowe (de Raymond Chandler), comme Canardo ou Jérôme K Jérôme. Dans cette BD, un authentique privé, Fabrice Lehmann, ouvre ses dossiers les plus truculents pour en faire des historiettes à tonalité humoristique. Et on s’aperçoit que la réalité est bien plus terre à terre que ce que laisse fantasmer la profession. En général, il s’agit de filer un mari infidèle, ou de révéler une fraude à l’assurance. Avec ses dents du bonheur, Ficanasse (de l’italien ficcanaso : « curieux ») utilise donc le premier savoir-faire d’un détective : la filoche, souvent avec une moto et un appareil photo. Evidemment, puisqu’anecdotes truculentes il y a, cela se termine rarement comme ça devrait. Ficanasse devient souvent lui-même suspecte pour la police ou il se prend un retour de bâton dans les gencives. Il ne faut pas chercher plus loin l’humour, qui peine vraiment dans ce recueil d’historiettes de 1 à 4 planches, à susciter l’esclaffement. D’ailleurs, on ne sait pas toujours très bien que le gag s’arrête, et on tourne la page dans l’espoir d’une suite… qui ne vient pas. Aux scénarios, Véronique Grisseaux n’a pas encore totalement acquis la science de la chute. Jack Domon dessine l’ensemble à l’aide de son trait caricatural classique, moult fois éprouvé dans le registre de la BD d’humour.
