L'histoire :
En 2020, le commandant Virgil Solal et ses hommes arrivent dans le delta du Niger, où ils doivent exfiltrer une missionnaire d’Amnesty International. La chaleur est étouffante et la zone est l’une des plus polluée sur Terre. Exploitation pétrolière, corruption, sabotages rebelles… Le delta est en perpétuelle marée noire, ce qui sort de terre est déjà presque mort et l’air est tellement pollué qu’il provoque des pluies acides qui trouent les toits en tôle des bidonvilles. Avant de partir, Virgil déverse des litres d’essence sur une gigantesque fosse commune où sont entassés les pauvres autochtones morts de la sur-pollution. Virgil fait son métier en essayant de faire abstraction de son écœurement. Deux ans plus tard, Diane Meyer, psychologue, est demandée en urgence au 36 Bastion des orfèvres, le nouveau pôle de police de Paris. On lui présente un coéquipier, le capitaine Nathan Modis et on lui montre une vidéo pour lui expliquer une affaire qui requiert ses compétences de profilage. Sur l’écran, filmé à partir d’une webcam en direct, le PDG de Total se trouve enfermé à une cage en verre à laquelle est relié un tuyau vers le pot d’échappement d’un tracteur. Le kidnappeur – Virgil Solal ! – prend l’antenne et présente le chantage écologique de son groupe d’activistes, Greenwar. Il dénonce l’inaction écologique mondiale qui va conduire à la perte de l’humanité et demande une « caution » de 20 milliards d’euros pour libérer le PDG. Et il promet de rendre l’argent au fur et à mesure que des mesures drastiques seront prises en faveur de l’écologie. Les autorités ont 24h pour s’organiser, après quoi le PDF de Total sera exécuté…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’origine, Impact est un roman écrit par Olivier Norek, publié chez Michel Lafon, qui a connu son petit succès, autant critique que public. Ce thriller, ici adapté et dessiné en BD par Fred Pontarolo aux mêmes éditions, nous immerge dans un chantage mortel exercé par un groupe d’écoterroristes pour sauver l’humanité de son inaction en matière environnementale. En propos central, il pose une vraie bonne question : peut-on sacrifier intentionnellement quelques personnes néfastes à l’environnement, au profit de la sauvegarde de l’humanité ? Tuer au nom de l’écologie serait alors un acte de légitime défense. Dès lors, les écoterroristes ne sont pas des terroristes mais des sauveurs. Un policier et une psychologue chargés d’arrêter le chef de ce groupe appelé « Greenwar » se retrouvent rapidement victimes d’un syndrome de Stokholm : ils prennent parti pour l’anti-héros, Virgil Solal, un vétéran de l’armée écœuré, qui n’a plus rien à perdre. Tout comme une majeure partie de l’opinion publique qui s’enflamme pour ce combat à travers sa viralité sur les réseaux. L’intrigue est très habilement exposée et déroulée, qui utilise les réflexes de mobilisations et d’opinons numériques au service de l’enjeu crucial de notre époque. Elle se rapproche de ce qui se passe authentiquement autour du meurtre de Brian Thompson aux USA (le 4 décembre 2024), par un Luigi Mangione (supposément !) vengeur à peine masqué et vénéré par la sphère numérique. La narration de cette version adaptée en 140 planches de BD est une dizaine de fois entrecoupée de séquences qui focalise sur les désastres engendrés par l’activité humaine irraisonnée : feux de forêts, inondations, continent flottant de plastique, attaques d’ours polaires.