L'histoire :
Diane a perdu sa fille et son mari dans un tragique accident de la route. En un instant, sa vie a basculé. Elle se sent morte à l’intérieur et pourtant ce fichu cœur bat toujours. C’est si difficile, elle était une mère et une épouse comblée, elle aimait sa vie. Pourquoi n’était elle pas avec eux ? Le matin, en partant, Clara et Colin riaient encore et puis la voilà seule, ici où tout lui rappelle cette famille soudainement perdue. Et puis son entourage, triste spectateur de sa chute, par bienveillance, essaie en vain de la convaincre de continuer et de se ressaisir. Dépressive et incomprise, embuée de chagrin, la vie peut bien continuer à défiler sans elle. Diane décide de s’exiler loin sur des terres inconnues, en Irlande, puisqu’ici plus rien ne la retient. Ses parents inquiets la jugent inconsciente de quitter seule le pays après ce qu’elle vient de vivre. Diane refuse que Félix, son associé et ami, l’accompagne. Elle doit partir seule. Elle part afin de fuir Paris, les souvenirs et cette famille devenue étouffante. Son exil la conduit dans un cottage à Mulranny, un village au milieu d’une vaste étendue sauvage. Elle avait besoin de ce vide, de cette sérénité qu’elle trouve à travers de superbes paysages. Désormais, Diane ne souhaite qu’une chose : être seule et gérer son deuil comme elle l’entend. Abby, la propriétaire des lieux l'accueille avec enthousiasme, très heureuse que quelqu’un habite ici pendant l’hiver. Durant son séjour, Diane va faire la rencontre de Jack, le vieux mari barbu d’Abby, au tempérament calme, mais surtout d’Edward, leur neveu. Un homme attachant bien qu’un peu rustre et détestable au début. Un type au parcours de vie difficile, lui aussi. Ce photographe solitaire a quitté Dublin il y a 5 ans et il vit ici près de sa famille avec son chien. Tous deux vont apprendre à se connaître et vivre une ami-thérapie. Cet exil loin de son quotidien pourrait-il signifier le début de la guérison ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Véronique Grisseaux et Cécile Bidault nous proposent une adaptation du roman éponyme d'Agnes Martin-Lugand. La bretonne Véronique Grisseaux a de nombreux ouvrages à son actif. Elle sait aussi bien dessiner qu’écrire. Ici, elle reprend scrupuleusement l’histoire du roman. Au dessin et à la couleur, Cécile Bidault signe quant à elle son deuxième album. La mise en image du roman va permettre à de nouveaux lecteurs de découvrir ce récit bouleversant. Le graphisme représente bien le décor Irlandais et sa lumière rasante. Ainsi les traits rythmés de Bidault retranscrivent le cheminement et les sentiments de Diane avec douceur et justesse. La lecture met en avant les différentes phases émotionnelles par lesquelles passe Diane, partagée entre désir d’aller mieux et la culpabilité de justement aller mieux. Avec parfois le sentiment de trahison envers sa famille disparue. Elle évoque aussi l’entêtement de la famille à la soutenir et l’aider. Difficile de comprendre les choses quand on ne les a pas vécues. Et pourtant, dans ces moments, la compassion et l’empathie sont souvent salvatrices, une fois la phase de déni passée. Cette histoire certes tragique est pleine d’espoir. Un hymne à la résilience, un cri du cœur, une lecture poignante et bouleversante, pour réapprendre à vivre et s’accorder à nouveau le droit d’exister.
