L'histoire :
Femme flic de terrain, affectée chez les stups en région parisienne, Noémie Chastain intervient avec son équipe dans une planque de dealers, dans un immeuble de Saint Denis, en février 2019. L’intervention est sanglante : Noémie prend une balle de fusil en plein visage. Elle est transportée en urgence à l’hôpital. Les médecins parviennent à la sauver et à reconstituer la structure de son visage… mais elle restera défigurée à vie, avec de terribles cicatrices sur tout le côté gauche de la face. Quelques semaines plus tard, Noémie veut déjà retourner sur le terrain. Pour son retour dans la société et la vie professionnelle, elle est épaulée par un psy, qui la prévient : il est normal qu’elle devienne plus agressive, plus anxieuse, et elle aura aussi des troubles de la mémoire et du sommeil. En catimini, sa hiérarchie rechigne à la faire réintégrer le même service, car son visage sera un rappel néfaste du danger qu’affrontent ses équipes. Il décide donc de l’envoyer dans un commissariat de province, en lui disant qu’il s’agit d’évaluer la pertinence de maintenir une structure de police ouverte. Sa reprise de convalescente sera donc Decazeville, petite bourgade tranquille en Aveyron, où se trouvent un barrage et un lac artificiel, avec un village immergé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’origine, Surface est un roman d’Olivier Norek, un thriller de 2019 récompensé par de nombreux prix. Dans le genre polar, le synopsis n’a pourtant rien de très novateur : défigurée lors d’une intervention musclée, une femme flic des stups parisiens est envoyée se « reconstruire » en province, où – comme par hasard – un cold-case bien dégueulasse remonte à la surface d’un lac, au sens propre. Noémie Chastain mène donc une enquête sérieuse, ponctuée d’interrogatoires, d’autopsies, de témoignages, mais aussi d’aventures (dont une plongée périlleuse dans un village englouti), de retournements de situations (les morts ne sont parfois pas morts, les assassins ne sont parfois pas les assassins) et de romance (c’est pas parce qu’on est défigurée qu’on n’a plus droit aux plaisirs de l’amuuuuur…). Et c’est assurément cette grande diversité d’ingrédients accrocheurs, tous admirablement imbriqués les uns aux autres, qui fait le succès de ce polar. L’album en one-shot a beau couvrir 135 pages, on a tendance à vouloir tout lire d’une traite, à ne pas vouloir décrocher tant qu’on ne sait pas le fin mot de l’histoire. La qualité de l’adaptation de Matz y est sans doute pour quelque chose, tout comme la partition graphique de Luc Brahy, qui dessine plus vite que quiconque, à en juger par sa production annuelle (4 albums / an en moyenne, dont de très épais comme celui-ci).