L'histoire :
C’est la grosse déprime pour Pierre Tambouille. Pour la troisième fois, il vient de louper l’oral de rattrapage du baccalauréat. Devant sa mère en pleurs, déshonorée, son père prend une décision ultime : il envoie son cancre de fils en stage d’été auprès de l’horrible Berthier, le comptable de sa boîte. Voilà Pierre en costume cravate, à devoir se rendre tous les jours au bureau pour des exercices rasoirs au possible. Ça n’est pas tenable. En feuilletant une revue comics, Pierre trouve une solution : il va devenir un super-héros. Deux points sont essentiels pour y parvenir. Premièrement, il lui faut un costume digne de la fonction. Après plusieurs séances de croquis (bien plus palpitant que la compta), il se confectionne une tenue qui en jette : collant, T-shirt et cagoule noirs. Deuxièmement, il lui faut tout de même un super pouvoir… Courageusement, il se rend dans un vivarium et se laisse mordre par un serpent (noir) Aspicus Vulgaris. Il espère que les lois impénétrables de la chimie feront le reste. De retour chez lui, il le sent en lui, il en est persuadé : il est désormais Aspicman, il peut enfin passer à l’action !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Loin de susciter le même engouement que de l’autre côté de l’Atlantique, les super-héros américains provoquent de par chez nous comme une frénésie de parodies, toutes plus jubilatoires les unes que les autres. Après Comix Remix (Dupuis) et Paranormal (Carabas), voici le malicieux Aspicman, réalisé à 100% par Michel Colline. En découvrant les états d’âme de ce super-looser de première, on adopte d’emblée le ton léger et humoristique du récit, curieux de voir où Colline va pouvoir nous emmener avec une telle histoire. Et ça tient drôlement la route ! Tout comme ce gros ballot de Tambouille (quel patronyme !), Colline va jusqu’au bout de sa démarche débile, pour notre plus grand plaisir. Cruellement, plus Tambouille cherche la rédemption et plus il s’enfonce ! Cette spirale infernale, plus burlesque que réellement tragique, emprunte un coup de crayon stylisé et moderne, mais parfaitement adapté à ce type de récit. Astucieusement, Colline insère même une histoire dans l’histoire, sur un style graphique légèrement décalé, prouvant une certaine maturité dans la maîtrise du médium. Jusqu’à la chute qu’on ne voit pas venir et qui clôt superbement ce petit album qui n’a qu’un gros défaut, celui de se lire hyper vite. Une super-bonne surprise !