L'histoire :
Il pleut. Un type avec un parapluie dans la main court s’abriter sous un porche et attend que ça passe. Une porte s’ouvre et deux jeunes filles en sortent, apparemment en train d’achever un emménagement. L’une d’elles, la nouvelle locatrice, très bavarde, en profite pour vider sa poubelle. L’autre, qui vient de lui filer le coup de main, écoute patiemment. Notre jeune homme n’a pas d’autre choix que de suivre ce monologue « de nanas », avec un air amusé…
Il pleut. Un type attend que ça passe, accoudé au zinc d’un bistrot, accompagné d’un p’tit café. Au fond de la salle, un gros bonhomme commente tout haut la rubrique nécrologique d’un journal. Un peu plus loin, deux nanas très « urbaines » papotent mecs…
Il pleut. Accroupie sur un lit défait à l’intérieur d’un appartement, une fille téléphone à une copine pour lui raconter son ultime conquête masculine, tandis que le tombeur – objet de la conversation – s’en est allé chercher les croissants. A la fenêtre de l’immeuble d’en face, des garnements profitent de la pluie pour pisser sur les passants…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Etes-vous de ceux qui disent « Mince, il pleut… », ou de ceux qui disent « Chouette, il pleut » ? Dans tous les cas, une bonne averse accorde souvent une ambiance particulière à nos préoccupations quotidiennes. C’est cet état là, subtil et très personnel, qu’a tenté de saisir Jean-Philippe Peyraud, scénariste de l’excellent Désespoir du singe. Au cours de ces 7 saynètes de la vie quotidienne, alliages de spleen et de bilan personnel, Peyraud associe les passions, les marivaudages, les ruptures ou le traintrain conjugal de quidams, tantôt acteurs, tantôt spectateurs, réunis par ces conjonctures météorologiques. Au naturel des dialogues, se greffe un trait stylisé, très « féminin », renforçant encore le sentiment de légèreté. Au final, ces instantanés pris sur le vif sont bien sympathiques… mais il manque une réelle démonstration. Certes, ces situations « sonnent » vrai, mais elles demeurent d’un trivial… relativement quelconque. Tous les ingrédients qui composent cette occurrence commune et humide, au cœur de la démarche, en façonnent également la futilité. Cela dit, en publiant ce (petit) one-shot au début de l’été 2007, l’un des plus pourris depuis Noé, l’éditeur a eu le nez fin !