L'histoire :
Aujourd'hui dessinateur, Ulysse raconte ses années collège. Il était jadis pensionnaire dans un établissement perdu dans les montagnes tapissées de forêts sauvages et de vallées obscures. Quelques rares élèves, dont il faisait partie, n'avaient alors pas la chance d'être récupérés par leurs parents pendant les vacances. Cette fois-là, ils étaient 5 à devoir rester avec Léna, leur pionne, une punkette pas chiante et peu surveillante aussi... Indépendante, disons. Leur pote Jonas avait été le dernier à partir, a pieds, à travers bois, pour rejoindre sa famille. Hélas, attiré par un esprit malfaisant jusque dans des marécages, il s'était embourbé et avait été retrouvé plus tard noyé. Mais la nuit suivant sa mort, son fantôme était revenu une dernière fois au dortoir. Il avait dit au revoir à ses camarades, plus émus qu'épouvantés, puis s'était échappé sous la forme d'une boule de lumière vers la forêt. Ulysse et ses copains l'avaient aussitôt suivi, jusqu'à découvrir la créature malfaisante qui l'attirait jusque dans une cage : une sorcière moche et gluante. Ils avaient alors agi pour éviter que l'âme de leur pote soit enfermée à destination satanique. Ils avaient distrait la sorcière, libéré la lueur de Jonas dans son dos et... s'étaient alors fait une puissante ennemie pour les jours qui allaient suivre...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour cette nouvelle série jeunesse éditée par les nouvelles éditions Grafiteen (Milan), Ulysse Malassagne fait une nouvelle preuve de grande efficacité narrative. Il ne perd pas de temps à expliciter un contexte secondaire, et envoie bille en tête une bande de gamins – dont lui-même enfant ! – affronter des créatures fantastiques sataniques. Et tant pis si ce Collège noir « perdu dans les montagnes tapissées de forêts sauvages et de vallées obscures » est hautement improbable. L’idée est ici d’être efficace et de maximiser l’effroi à l’intention des 8-13 ans. Or dans le registre de la peur-panique, les ingrédients sont effectivement optimisés : la majorité des aventures se déroule de nuit, la sorcière est abominable, les monstres sont démesurés, poilus, griffus, réellement néfastes et terrorisants ! Brrr… Des gamins harcelés par des forces infernales dans un coin de campagne reculés : cela fait un chouya penser à une sorte d’Evil dead rajeuni. Heureusement, le courage et l’intrépidité des jeunes héros, qui ne se posent pas de questions avant de s’exposer et s’en sortent toujours indemnes (sauf le premier) permettront aux jeunes lecteurs de ne pas avoir le temps de trop se remuer les méninges. Et de fait, ils sont happés, les pages défilent très vite… Comme énième ficelle efficace, on note aussi le chara-design des héros étonnamment sommaire, comparé à celui des monstres. Au sein de ce premier volume au moyen format cartonné, 11 épisodes s’enchainent et peuvent néanmoins se lire de manière morcelée. Un premier arc narratif se boucle à la 81ème page, des personnages attachants sont définis et le ton est donné. D’autres recueils devraient suivre… On en frisonne déjà d’avance.