L'histoire :
Leurs précédentes aventures terminées, nos amis marins et aventuriers s’ennuient ferme à bord de leur trois-mâts, la Kouklamou. Soudain, Romuald a une idée : partir de l’autre côté du globe, précisément en Nipponie, afin de s’enquérir du légendaire « nénuphar instantané », une plante qui confère la chance à celui qui la trouve. Devant la tiédeur de l’équipage, Romuald doit convaincre le capitaine. Des crayons de couleur à la main, celui-ci s’adonne alors à son nouveau hobby : des petits dessins, dans des cases, qui mis bout à bout, racontent au final son autobiographie. Romuald lui vend sa nouvelle idée de périple par le prisme des estampes et de l’art oriental. Adjugé ! Le cap est mis sur la Nipponie et Romuald profite du trajet pour potasser le sujet afin de ne pas avoir l’air d’un « gnol » de touriste. Pendant ce temps, de l’autre côté du globe, précisément en Nipponie, l’ambitieux et puissant Kobito se fait masser, à bord de sa galère. Un contexte propice à trouver une idée géniale d’expansion et de gloire : inonder le marché mondial du savoir-faire nippon en matière de miniaturisation (cf. leurs bonzaïs), et pour cela imposer à ses rameurs la langue anglaise, celle du business et des affaires, et bloquer les importations en tirant à gros boulets sur tous les navires étrangers qui s’approchent des côtes. Il appelle cela le Bataillon Commercial de Sécurité en faveur du commerce (BTS commercial). L’un de ses conseillers, Otaké, précise que cela risque de mener l’empire à la guerre mondiale et se retrouve, de fait, balancé par-dessus bord…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier cycle d’aventures déjantées terminées (et disponible en un joli coffret), Nicolas Pothier (le scénariste) et Fred Salsedo (le dessinateur) récidivent avec cette cinquième aventure indépendante. Comme vous l’avez compris à la lecture du résumé ci-dessus, le cap est mis sur le pays du soleil levant. C’est l’occasion pour les auteurs de s’amuser avec tous les caméos de la culture asiatique (essentiellement nippone), pour la plus grande joie des lecteurs également fans de mangas. Car Pothier s’adonne à nouveau, dans la joie et la bonne humeur, à sa grande passion : le jeu de mot débridé à outrance. Ce tome 5 en est sévèrement truffé et c’est un régal pour ceux qui en comprendront toutes les références. Pour les plus jeunes, il est conseillé de garder précieusement l’album et de le relire après votre BTS. Bien sûr, à force de bons mots, on en perd parfois le fil du synopsis, mais ça n’est pas un gros problème : la trame de fond de cette cinquième aventure demeure relativement simple. Il s’agit pour nos pirates du dimanche, d’annihiler les procédés expansionnistes commerciaux nippons, en leur préférant l’ouverture culturelle par le biais de l’invention anachronique du manga. Au dessin, Salsedo fait à nouveau usage de son style caricatural chiadé, truffé de tronches improbables avec des yeux exorbités fendards. Etant donné que la thématique est celle du manga, le dessinateur a également recours à quelques techniques du genre (lignes de fuite à profusion, papiers-peints thématiques en arrière-plans, petit pac-man au dessus des têtes quand tout le monde est pantois…). Bref, ce nouvel épisode fait honneur aux précédents. Ratafia semble s’installer durablement sur le créneau des aventures historiques parodiques de qualité, s’inscrivant dans la lignée des Astérix, Donjon, Lincoln ou autres De capes et de crocs.