L'histoire :
Nous sommes en 1955 et c’est l’apogée des aventures télévisuelles de Clocki, un personnage de réveil-matin, regardé par des milliers d’enfants à l’heure du goûter. Tellement populaire qu’un grand parc d’attraction à son image est inauguré. Néanmoins, tout n’est pas rose dans la vie de Clocki - personnage réel ou que l’on nous fait croire comme tel – dont la starisation a causé une addiction à l’alcool. Dès lors, celui-ci ne tarde pas à sombrer dans les excès et la débauche, terminant épave dans la rue. Heureusement, ses créateurs lui adjoignent Patoum l’éléphant, un nouveau personnage sympathique avec lequel Clocki va pouvoir revenir doucement sur le devant de la scène, au détriment cependant du deuxième. Le second épisode nous présente Jeanne et Serge, un couple formé d’une mascotte du parc à la retraite et d’un commercial féru de parcs à thèmes. Tous deux formaient un couple heureux dans leur petit pavillon aux abords de Clockiland, jusqu’à ce que... à force de prendre des photos, Serge soit appréhendé par les deux gardiens et désigné « persona non grata». Dépité, il va alors construire avec ses propres moyens désuets un mini parc dans son jardin. Le succès sera au rendez-vous. Mais pour combien de temps ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est attiré par le dessin très kitsch au parfum psychédélique, reprenant la saveur des cartoons hollywoodien des années trente, que l'on rentre dans « l'attraction » Clocki. Si l'équilibre entre texte sous les images et phylactères au sein des cases est à peu près respecté, on serait, cela dit, prêt à lire n'importe quelle forme que prendraient ces petits contes cruels, étant donné leur déroulé original. Le ton est assez réaliste, malgré une mise en situation onirique, voire cauchemardesque, où les enfants se déplacent toujours en grappes, tels des zombies, uniquement attirés par les parcs d'attraction et les friandises. Une ambiance à la Pinocchio où les adultes, tels ici dans l'épisode Jeanne et Serge, sont soumis aux dures règles de la société et de la police, alors que leurs rêves semblaient s'inclure initialement parfaitement dans l'univers féerique du parc. Il émane de ces récits une atmosphère étrange et inquiétante, dont on comprend bien vite que celle-ci va amener à chaque fois une conclusion dramatique. C'est donc de fascination dont il s'agit, car l’auteur, en amateur de parcs d'attraction qu'il a beaucoup fréquentés dans sa jeunesse, nous en délivre une vision désenchantée, rappelant les destins funestes de certains dans les années 80. Il s'agit aussi, sans aucun doute, d'un hommage plein de charme à ces années lointaines et magiques des débuts du cinéma d'animation, où l'ironie et la cruauté étaient une recette du rire. On avait déjà goûté, dans le même esprit, les tribulations de Cuphead (deux tomes par Zack Keller et Shawn Dickinson, chez PixNLove). Mais les amateurs de très vieilles BD (Buster Brown, Popeye, les premiers Mickey) y trouveront matière à plaisir, tout comme les amoureux de bande dessinée alternative déjantée au charme vintage et désuet. Le dessin flageolant et aux silhouettes dégoulinantes des personnages opère comme un charme certain à cet égard. Les lecteurs cherchant simplement du plaisir dans le 9eme art y trouveront aussi leur compte. « Dring dring, Il est l'heure de s'amuser ! »
