L'histoire :
Dans le petit salon du grand palais de la Reine Aglaé, deux hommes, James Kite et Henry the Horse, se remémorent leurs souvenirs au coin du feu. Des heures de gloire du cirque Kite à la retraite forcée d'Henry, ils évoquent avec nostalgie les évènements marquants de leurs vies. Les bavardages des deux amis, alimentés de joies, de regrets et de non-dits, sont autant de clefs qui permettront de résoudre certaines énigmes du Marylène, ce pays hostile qui ne les a jamais épargnés.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est toujours un grand plaisir de retrouver le trait et la poésie douce-amère des Contes de Marylène. Dans cet univers créé il y a maintenant 12 ans par Anne Simon, chaque personnage peut avoir les pleins pouvoirs ou se trouver au bas de l'échelle sociale, voire être humilié ou même liquidé sans fioritures. Femmes ou hommes – même si les femmes sont plutôt les perdantes dans ce destin funeste – mais l'autrice croit en la force féminine. Il suffit de comparer le premier chapitre, où l'ascension de James Kite, directeur de cirque, puis sa chute, tout comme celui de son ami Henry Horse, nous sont contés, à celui de Simone Michel : petite secrétaire « Self Made Woman » d'un dictateur, qu'elle va s'ingérer à faire chuter. Ou à celui de la jeune Pam, suffragette auto exilée. Ou encore à celui de la vieille Tabby, n'hésitant pas à donner de son corps pour organiser la résistance, pour comprendre son sens de l'engagement. Celui-ci ne souffre d’aucune demi-mesure et c'est en cela principalement que l'on aime la série, car elle traite de sujets à la fois universels et très modernes. L'humour, cela dit, n'est pas en berne. Nombreux sont les éléments permettant de rire, par exemple, de ces personnages quelque peu ridicules, parfois imbus de leur personne, parfois trop lâches. Tout cela porté par un dessin succulent, tantôt noir et blanc, tantôt couleur, mais sans cesse richement rehaussé de décors et de fioritures fort plaisantes, utilisant les codes jeunesse mais abordant des thèmes dramatiques et cruels. Et puis, quel bonheur de repérer toutes ces allusions non dissimulées au plus célèbre album des Beatles et à certaines de ses chansons. Tout y ramène : les lieux, les prénoms, le cirque... Tout cela au bénéfice, pas de mister Kite, mais de l'histoire. Un tome de complément, mais presque indispensable. Bravissimo.