L'histoire :
Dans les années 30, Paul Niort est strasbourgeois, docteur es sciences en zoologie, expert en animaux rares et collectionneur de curiosités naturelles. Son bureau est ainsi jonché de reliques animales étranges : main de bigfoot, poils de yétis, squelettes biscornus… Sa réputation lui vaut un innombrable courrier de postulants cryptozoologues croyant avoir découvert le monstre du Loch Ness. Pourtant, une lettre parmi d’autre attire son attention. Un autrichien croit avoir découvert un « tatzlwurm », soit une sorte de gros ver à deux pattes, avec une tête de chat. Paul Niort ignore lui-même ce qui le pousse à s’intéresser, plus qu’aux autres, à cette créature improbable, dont il toutefois déjà entendu parler sous l’appellation « Arassas ». Toujours est-il qu’il fait ses bagages en moins de deux et qu’il se retrouve dans un train à destination d’Innsbruck. Son correspondant Jakob l’accueille à l’arrivée et lui offre le gîte. L’homme lui montre alors moult témoignages, dessins et repérages faits dans les montagnes et campagnes environnantes. Un suisse a même pris récemment une photo floue de la tête d’un tatzlwurm ! Il semble qu’une course soit localement lancée pour dénicher l’animal. Paul et Jacok se mettent ainsi durant plusieurs semaines à multiplier les randonnées dans toutes les zones alpines où aurait été aperçu cette espéce…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La bande dessinée aime la cryptozoologie. De Russel Chase à Carthago, en passant par Crypto, les vastes possibilités du dessin et de la mise en scène spectaculaire, alliées au suspens aventurier, offrent un terrain d’exploitation à tous les fantasmes de créatures rares et bizarroïdes peuplant notre monde en toute discrétion depuis des ères antédiluviennes. Tintin lui-même s’était jadis frotté au yéti… L’auteure féminine autrichienne est tout aussi rare. Dans ce one-shot, Betina Egger met en scène un dandy français, collectionneur et aventurier, à la recherche d’une espèce qu’on ne trouve que dans les bestiaires de jeux de rôle ou sculptés en ornement des frontons apocalyptiques de nos églises. Le tatzlwurm, alias l’arassas en français, est une créature souvent décrite dans les temps jadis, mais jamais dénichée sous notre ère moderne. Elle ressemble à un gros reptile muni de deux pattes avant et d’une tête de chat. Toutefois, au cours de ses explorations relativement contemplatives, notre héros ne la dénichera jamais. Malgré un climax destiné à générer la tension, l’intrigue se borne à nous faire voir du (joli) paysage, rien qu’en noir et blanc, et à fantasmer, en de nombreux palabres entre les deux explorateurs, sur l’existence et les origines du tatzlwurm. Une autre lecture permet aussi de considérer cette bête chimérique et monstrueuse comme une métaphore du nazisme qui phagocyte progressivement les Alpes germaniques dans les années 30…