L'histoire :
Monsieur Perrier, sa femme et ses deux enfants sont heureux. Les affaires prospèrent, bientôt le vieux Hénoque prendra sa retraite et revendra ses part, ce qui permettra d'agrandir l'entreprise. Mais ce dimanche, est venu le temps d'un peu de repos en famille. Un pique-nique avec le panier préparé par Madame, une partie de pêche avec son jeune fils Jacques, qui a bien de la chance de manier la canne à pèche, car son père, lui, devait se contenter dans sa jeunesse d'une branche et d'un vieux hameçon rouillé. Le pater familias lui enseigne tous ses trucs, dont celui primordial : observer, mais surtout observer le silence. Jacques est en admiration et d'ailleurs tonton Louis, il dit que son père est un veinard car il tombe toujours sur les poissons les plus bêtes, ceux qui ne se méfient pas et mordent à l'hameçon. La journée est donc douce et il faudra bientôt partir. Alors les parents concèdent un dernier moment aux enfants qui, sans s'éloigner, jouent à la lisière du bois. Soudain, ils se mettent à crier : ils ont vu une sorcière qui leur demande de s'en aller...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Réédition partielle du Dossier Kokombo édité aussi chez Mosquito en 1997, cet album propose trois histoires courtes, qui n'ont de lien entre-elles que le triste sort de leurs protagonistes. Une nouvelle fois, Sergio Toppi nous entraîne chez d'étranges damnés, qui ont eu le tort de braver la nature... ou le surnaturel. Et tous payent le prix fort, celui de la vie. Tout commence avec un conte champêtre, Bois de Brocélan, paru en 1979. Il s'en dégage un petit air de Pagnol avec cette famille de notables, de ce qu'on devine être une petite ville et une balade en forêt qui finit mal, la faute à une sorcière courroucée. On se régalera des décors incroyables de cette campagne inquiétante et, comme toujours, de l'art des portraits que dresse l'italien. Puis on part en Irlande, avec l'histoire qui donne son nom à l'album. C'était le temps où les soldats anglais traquaient les Enfields. Deux d'entre-eux croisent une petite fille et n'entendent pas le fait qu'elle se dise protégée par Cuchulain. Ici, l'auteur le cache dans une tour qui sera la sépulture des deux britishs. Le héros de la mythologie celte est donc suggéré mais jamais montré. Enfin, Solitudinus Morbus, paru en 1991, met en scène un gardien de phare dont la silhouette évoque furieusement celle de Corto Maltese. Son histoire de vie est traitée comme un cas clinique de psychiatrie, la maladie étant la bipolarité. Si bien que le lecteur est entraîné au cœur des hallucinations du protagoniste, témoin de sa déchéance et de la découverte macabre de sa dépouille mortelle. Voici donc un album au goût doux amer, celui de la vie et de la tragédie.