L'histoire :
Le directeur du pénitencier supervise la construction de la « machine à jaspiner », créée par un détenu génial appelé Autote Prizen. Cette machine permet en effet de tisser un pull en Kurzal, capable de résister à n’importe quel rayon ou byron à impulsions graduelles ! Aussitôt le vêtement terminé, le directeur le met à l’épreuve du feu : il désigne un volontaire, l’habille de ce pull et fait cracher sur lui une mitrailleuse à byron ! Le volontaire s’en tire indemne, l’invention de Prizen est une merveille. Mais le directeur se méfie : et si cette invention venait à tomber entre des mains ennemies ? Aussitôt, il demande donc à Prizen de perfectionner le byron à impulsions pour le rendre capable de perforer le pull anti-byron…
Tandis qu’un certain Buzzer s’apprête à se suicider, il est arrêté par des soldats et emprisonné. Sa détention est de courte durée, mais quand les autorités le relâchent, il ne récupère pas son couvre-chef. Or en ces temps étranges et en ce monde saugrenu, le chapeau est un symbole de statut social très important. Buzzer erre quelques temps à la recherche d’un boulot et d’un logement… en vain. Il finit par céder à la facilité et par essayer de chouraver le couvre-chef d’un quidam. Hélas, celui-ci est muni d’un antivol satellitaire… Buzzer est aussitôt interpelé par les autorités et incarcéré…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album édité par Mosquito est la réunion (et le réarrangement) de plusieurs histoires courtes parues dans les années 80 et 90 au sein de la revue italienne Comicart. Il est donc normal qu’un effet patchwork prédomine l’ensemble, qui se révèle quelque peu… hermétique, pour rester poli. Le contexte est en effet un monde carcéral imaginaire, à la fois d’anticipation et kitch, surchargé en éléments de décor foutraques et en couleurs saturées ; les personnages sont caricaturaux d’on ne sait trop quoi de baroque ; ils emploient un langage et du vocabulaire tout aussi fantaisistes, pourvu que les sonorités soient originales et ronflantes ; enfin, la narration passe souvent du coq à l’âne, sans transition. Autant dire qu’il faut s’accrocher pour piger ce que chacune de ces séquences raconte… Vaguement, on comprend qu’il s’agit d’une satire du pouvoir corrompu, des décisions iniques, de la perte de fraternité et de solidarité dans une humanité en déliquescence. Les dialogues sont bavards, le ton est badin, tout comme le joli dessin caricatural de Corrado Mastantuono, qui œuvrait donc dans ce registre à l’époque, bien avant Klon ou Elias le Maudit. Une réédition courageuse d’une œuvre oubliée du patrimoine BD italien…