L'histoire :
Sous son maquillage de cirque, « le clown » est une brute au grand cœur. Depuis quelques temps, il vit de combat clandestin en écumant les grandes villes du monde : Hambourg, Lisbonne, Hong Kong… Avec sa part d’argent sur les paris, il s’offre la liberté, direction New York à bord d’un paquebot. Dans les quartiers des dernières classes passagers du bord, il est attiré par une musique à l’accordéon. Là, où des voyageurs dansent, il fait la connaissance d’une tendre jeune femme, Sinead. Ils débarquent en décembre à Ellis Island et se séparent, se souhaitant bon vent. Quelques jours plus tard, le clown est arrêté pour vagabondage. Il découvre alors la rudesse de la vie carcérale. En empêchant un prisonnier de se faire poinçonner sous les douches, il écope de 20 jours de mitard. Quand il sort enfin de taule, il neige. Le destin remet sur sa route la belle Sinead, qui vient de se faire virer de son job de serveuse, après avoir provoqué une rixe (un client lui avait mis la main aux fesses). Un simple regard leur suffit pour qu’ils décident de faire un bout de chemin ensemble. Direction la côte ouest…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 2012, Louis le Hir (fils de Jean-Louis) avait débarqué dans le monde merveilleux de la bande dessinée avec un Clown massif, affectueux et pour le moins désabusé, pour une narration très visuelle. Revoilà cette drôle de « brute sensible » qui débarque à New York, abandonnant derrière lui son passé de violence. L’abandonnant vraiment ? Toujours accompagnés par une voix off parcimonieuse, les le Hir père et fils (Jean-Louis colorise a priori toujours) accordent donc un vent de liberté vers le grand Ouest à ce héros au cœur tendre et aux muscles saillants. Clown devient American Clown et rencontre une compagne aimante avec laquelle faire un bout de chemin. Comme l’impose la vie, ils vont ensemble de bonheurs en tragédies, en trouvant notamment un temps leur place au sein d’un cirque. La neige, la pluie et les panoramiques emprunts de spleen décorent souvent leur horizon. Leur périple initiatique emprunte certes une linéarité un peu gratuite, sans autre finalité que la page d’après, mais ce parti-pris s’accorde et se met au service de la poésie graphique de Louis le Hir. Son dessin brasse moult influences digérées et a du style, malgré une propension à abuser des macros plans pour éviter les décors fastidieux, cédant parfois aux inserts photoshop en fond de case (une voiture 1900 par-ci, un décor urbain par-là, un biplan bidouillé…). A priori un troisième opus serait en préparation, pour boucler une trilogie.