L'histoire :
Dylan Dog entre dans une boutique de brocante, attiré comme par magie vers un livre « ancien ». Celui-ci lui est cédé pour une bouchée de pain par le vendeur, un vieux personnage inquiétant. Ce livre est malheureusement vide, et ne va révéler son contenu au compte-gouttes que chaque lendemain, comme son titre l'indique : les contes du lendemain.
Suivent 4 mini récits, longs entre 8 et 25 pages chacun :
le Monde extérieur : La mère obèse d’un hikikomori, jeune japonais ne sortant jamais de chez lui, va mourir sous ses yeux
Le point de vue des zombies : Prise du pouvoir de cette partie de la population, singulièrement mise de côté
Fumée : Où comment le fait de fumer une cigarette peut vous coûter la vie, mais pas dans le sens où vous l’entendez
L'invocation : Où comment le diable se cache dans les détails.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dylan Dog est un personnage d'enquêteur paranormal créé en 1986 en Italie par Tiziano Sclavi, scénariste prolifique de la BD transalpine. Éditée partiellement et de manière un peu chaotique en France, la série connait aujourd'hui au moins trois éditeurs, Mosquito s'autorisant quelques recueils mettant en avant des auteurs particulièrement talentueux. C'est le cas de Luigi (Gigi) Cavenago, artiste d'à peine 40 ans, récompensé comme meilleur dessinateur lors des festivals Lucca Comics & Games (2014) et Napoli Comicon (2017). Dans un style influencé à la fois par l'univers des comics et de la BD italienne, connu pour ses échappées voluptueuses, il délivre des planches fines et majestueuses, aux couleurs douces mais éclatantes, qui pourront rappeler, dans une certaine mesure, celle de l'Américaine Catherine Sauvage. Cet album, dans la grande tradition des Tales from the Crypt, tourne autour d'un livre et surtout de son « gardien », vieil homme qui va « survoler » les histoires, ironisant quelque peu sur l'incrédulité du héros. Ce dernier ne va pas en être acteur mais plutôt « spect-acteur », tel un enfant qui vivrait une sorte de conte cauchemardesque. Il est d'ailleurs étonnant de voir comment le scénariste se sert de son personnage phare pour simplement lancer un récit, tel Le Point de vue des zombies, le plus long. Dylan Dog, après avoir résisté à une attaque dans un cimetière, laisse s'échapper un zombie qui va devenir le protagoniste principal de l'histoire. L'autre retournant finalement à la simple lecture du conte, qu'il referme à la fin, n'ayant été inclus au départ en son sein que par « magie ». Si elle n'est pas nouvelle, la structure narrative propre au fantastique classique, et à cette série transalpine, n'offre pas de grandes envolées scénaristiques, mais opère toujours avec un charme certain. On est tout de même surpris par les critiques politiques et sociales sous-jacentes bien senties. Laissez-vous emporter par les contes de Sclavi, d'autant plus qu'ils sont magnifiquement dessinés !