L'histoire :
Cuba, de nos jours. Sacha Sandoval Miralles s'entretient avec le docteur Ortiz au sujet de l'incendie qui est survenu à l'hôpital Sagarra. Onze victimes sont à déplorer. Aucun des corps identifiés ne correspond à celui de sa mère, Eugenia Miralles, alors que Sacha pense que sa mère faisait partie des patientes de l'établissement. Selon Sacha, Eugenia a été internée en 2002 à deux reprises. Vingt ans auparavant, ses supérieurs l'avaient nommée au niveau AO, c'est-à-dire Agent d'Opération. La jeune femme était loin d'imaginer les conséquences futures de cette promotion. Analyste douée, elle avait accepté une délicate mission : trouver des informations sur le Trioferon, un médicament issu de la bio-technologie. Bientôt, il sauvera des centaines de cubains. Il faut faire vite, car les lobbys impérialistes et les transnationales corrompues s'intéressent de près à ce programme d'action sanitaire. Eugenia s'infiltre dans les locaux de Farmacuba et subtilise des dossiers. Après analyse, ils confirment les premiers soupçons : Farmacuba est victime de fuites...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Eugenia - La 12ème victime est directement inspiré d'événements qui sont réellement survenus dans l'entourage proche du scénariste cubain Alexander Izquierdo. Après avoir exploré les arcanes de la Havane de la fin des années 50, ce dernier revisite l'espionnage en mode seventies, n'hésitant pas à égratigner Cuba pour ses mystérieuses disparitions d'habitants. En effet, durant la période castriste, ceux qui ne rentraient pas dans le moule étaient rayés des listes. Izquierdo se focalise sur l'enquête de Yuri, membre du gouvernement, et sur le docteur Ortiz qui cherchent Eugenia Miralles, qui pourrait bien-être la mythique Rita Torpedo. Pas à pas, l'intrigue dévoile le parcours de l'agent très secrète, jouant avec des références comme l'Aveu de Costa-Gavras, la Motown ou même Kafka. Chimère, porte-étendard, ou un peu des deux ? Chacun est libre de se faire sa propre opinion... Étienne Schréder s'empare corps et âme du récit, lui octroyant une dimension sombre et absurde, dans un noir et blanc de circonstances. Et puis, il y a l'héroïne que l'on dirait toute droit sortie des films de blackspotation, que le dessinateur exécute avec merveille (la couverture est... incendiaire). Eugenia réussit à faire le grand écart entre autobiographie, spiritualité afro-cubaine, troubles mentaux de l'identité et contre-espionnage.